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   Mouhammad Baha'ouddin Shah Naqshband

Khwaja Baha-oud-dîn Naqshaband al Ouweyssi al Boukhâri.(1318-1389)

Ce maître dont la confrérie porte le nom (aujourd'hui l'une des plus répandue dans le monde musulman) fut éduqué d'une façon collégiale par une assemblée de maîtres vivants et par les "Rouhani", les esprits, de plusieurs autres déjà morts. Son r“le semble avoir été de rendre manifestes et accessibles certains des enseignements jusqu'ici réservés.

Baha-oud-dîn nacquit en janvier 1318 à Qasr-i-'Arifan près de Boukhara dans l'Ouzbekistan et mourut (en 1389) dans le même village o— sera construit un mausolée et une école qui furent longtemps un phare pour toute l'Asie. Ces lieux très visités furent pourtant confisqués après la révolution bolchevique. Une rénovation fut annoncée en 1957 sans véritable suite, pourtant les nouveaux développements géopolitiques dans la région après les immenses changements survenus en URSS permettent d'envisager une réelle restauration. Il nous semble intéressant de souligner à ce propos que l'un des héritiers spirituels incontestables du Sheikh Baha-ud-dîn aujourd'hui: Sheikh 'Abd Allâh Daghastani (appelé également le Sultan des saints; mort en 1974) venait précisément du Caucase . Cette région du monde fut célèbre dans son opposition au régime soviétique lequel considérait de son coté que les gens des confréries étaient des criminels. Il est significatif également que cette province soit au monde celle o— se trouve l'une des plus grandes concentrations de confréries en proportion du nombre d'habitants; environ soixante pour cent, dont l'écrasante majorité est Naqshabandi. Il semble donc que Baha-ud-dîn fut choisi par les maîtres de sagesse et prédisposé par les matrices de la sagesse à cette fonction de faire rayonner leurs enseignements. Nous avons mentionné un peu plus haut certains de ses maîtres: Sayed Amir Kulâl, Baba Sammasi, 'Azizan 'Ali Ramitanî et surtout 'Abd el Khâliq Ghujdawânî et nous en mentionnerons d'autres car le chercheur Baha-ud-dîn était un voyageur en quête de rassembler la totalité de l'héritage alors dispersé. Il était doué de cet esprit pratique qui caractérise les grand fondateurs et il n'aimait parler que de ce qu'il connaissait selon une expérience directe.

L'histoire suivante racontée par son gendre et premier successeur Khwaja 'Alâu ad-dîn 'Attar nous semble illustrer cette attitude de façon significative: 'Alau ad-dîn entendant parler son maître de la réalité du coeur, à un homme de la voie, vint trouver celui-ci pour bénéficier de cet enseignement. Avec humilité, il dit à l'homme: "je ne connais pas la vrai nature du coeur"; l'homme répondit que pour lui le coeur était semblable à la nouvelle lune de trois jours. "Je répétais ceci (raconte 'Alâu ad-dîn) à notre Khwaja bien aimé Baha-ud-dîn. J'étais debout en face de lui, il plaça son pied sur le mien: à l'instant même; une grande félicité m'envahit et je me sentis en contact avec toute la Vérité. Lorsque je sortis de cet état; il me dit: "Cela est le coeur, et non ce que ce derviche t'a dit. Comment peux-tu espérer connaître le vrai coeur si tu n'en a pas l'expérience directe!" Khwadja Baha-ud-dîn était un instructeur de cette sagesse . Un jour un sage érudit lui demanda le but de la voie qu'il enseignait; il répondit: "la clarification de la sagesse pratique". "Et qu'est ce que cela?" demanda son interlocuteur. Il répondit: "Il y a des choses crédibles qui ont été transmises par des informateurs dignes de foi mais seulement de manière sommaire. La clarification de la sagesse pratique consiste à montrer aux gens comment découvrir ces vérités dans leurs expériences personnelles." Néanmoins l'acquisition d'une telle sagesse demande beaucoup de souffrances et d'humiliations. Il disait à ce propos: "Lorsque j'étais disciple, à l'exemple de Khwaja Baba Samasi, je m'intéressais à plusieurs traditions et m'entretenais avec beaucoup d'érudits. Pourtant ce qui m'a aidé le plus à suivre mon chemin, ce furent l'abaissement et l'humiliation. "C'est par cette porte que je suis entré et tout ce que j'ai pu découvrir, c'est par elle que je l'ai trouvé." Khwaja Baha-ud-dîn disait ainsi: "Dans cette voie le fait de se nier soi même, de s'annihiler et de s'humilier est important; c'est le fondement même de la possibilité de la réalisation spirituelle. C'est ainsi que je suis passé à travers toutes les classes d'êtres et que j'ai apprécié toutes les particules. J'ai vu que toutes dans leur essence étaient meilleures que moi. Finalement j'en suis arrivé à traverser la classe des déchets et j'ai trouvé du profit en eux, mais aucun profit en moi même. J'en vins à ce déchet de chien, j'ai cru que je n'y trouverais aucun profit; pendant un certain temps j'ai entretenu cette conviction dans mon âme; mais j'ai fini par reconnaître qu'il y avait également du profit en lui. Je suis renseigné sur moi même mieux que sur personne, je ne suis pas meilleurs qu'un chien mais pire. Tant que je regarde mon état, il ne vaut pas plus qu'un grain de la tête au pieds"

Cette attitude est caractéristique de cet enseignement si bien porté par l'Asie pour qui ces attitudes naturelles: l'effacement, la douceur, l'humilité, le "profil bas" lui même, sont des marques de la pudeur et de la connaissance d'un chemin qui conduit à l'extinction de l'ego usurpateur et illusoire. Cette guerre à l'ego est le chemin de la sincérité, elle ne se fait pas sans souffrance et sans l'aide du Maître qui la conduit à son terme sans défaillance. Mais aujourd'hui comme au temps de Baha-ud-dîn o— sont les vrais disciples? Il racontait quant à lui, quelle était son attitude envers son Sheikh: Un jour d'hivers glacial, il éprouva le désir de rendre visite au Skeikh Amir Kulâl. Il se met en route et le trouve chez lui entouré de disciples. Le Sheikh après l'avoir regardé, demande son nom puis le chasse de sa maison. Malgré la révolte qu'il sent en lui le jeune Baha-ud-dîn accepte en disant: "Cette humiliation a lieu pour satisfaire le Puissant. Alors, il posa sa tête sur le seuil de la maison de son maître et attendit toute la nuit tandis qu'il neigeait et qu'il faisait froid. "Au lever du jour (raconte Baha-ud-dîn), le Sheikh Sayyid Amir Kulâl- que Dieu sanctifie son esprit- sortit de sa maison et posa son noble pied sur ma tête. Il releva ma tête de son seuil, rentra chez lui et m'y amena. Il dit: "mon enfant, c'est à ta taille qu'on a cousu ce vêtement de bonheur". Il retira de sa propre main bénie les épines et les copeaux de mon pied, lava mes blessures et me témoigna beaucoup d'amitié."

De fait plus tard Amir Kulâl le désigna comme son successeur. Quant Baha-ud-dîn parlait ainsi en racontant parfois certains de ses exercices ascétiques, il mentionnait la paresse des disciples et finissait par dire: "Tous les matins quand je sors de la maison, je me dis que peut-être un nouveau disciple a posé sa tête sur mon seuil; mais à présent, tout le monde est maître, il n'y a plus de novice!"

Il insistait pourtant beaucoup ainsi que le firent aussi après lui ses successeurs sur le "service" spirituel qui est une manifestation de la conscience communautaire reflet de la miséricorde divine. Il racontait à ce propos comment son maître s'occupa son éducation alors qu'il était tout jeune, le faisant jeûner, servir les faibles et les pauvres, puis même les animaux.

"Fait tout ce que tu peux avec les animaux et souviens toi que ce sont comme toi des créatures de Dieu. Ils ont leur propre prière secrète à Dieu. Si tu vois des animaux surchargés ou qui souffrent un tant soi peu, fais ce que tu peux pour alléger leurs fardeaux et pour les aider. "Je suivis cet ordre de mon Sheikh. Lorsque je trouvais un cheval lourdement chargé, je le déchargeais de quelque uns de ses fardeaux. Je soignais les animaux blessés ou malades.

Une fois en plein été, au milieu du mois d'août, je sortis de Kasr-''Arifan et j'allais dans le désert, à la lisière duquel je vis un sanglier qui fixait le soleil. Une extraordînaire béatitude me remplit. Il me vint à l'esprit de demander au sanglier de prier pour moi. Alors que cette idée me venait, je soulevais mes mains (ouvertes vers le ciel pour une demande de grâce) et m'approchais du sanglier en le saluant. Dans un état d'extase, il se jeta à terre et se roula plusieurs fois dans la poussière. Dés qu'il se remit sur ses quatre pattes, je dis "Amin" (ainsi soit il) et je retournais vers mon Sheikh." Sans me laisser parler; celui ci me dit: "Très bien mon garçon, maintenant va dans les rues et enlève les objets qui encombrent le passage. Je fis ce qu'il m'avait dit; et de cette manière mon âme progressa. En effet, par le simple fait de servir, je devins conscient de quelques secrets divins.

Ce portrait spirituel de Baha-ud-dîn indique déjà quels seront les grands traits de la confrérie Naqshabandi: Cette insistance sur le combat contre l'ego usurpateur à travers certaines mortifications et humiliations; cette pratique de l'invocation permanente (le dhikr) qui doit conduire à une connaissance directe par la voie de l'expérience; cet accent sur la compassion et la solidarité avec toutes les créatures qui ne sont chacune d'elles que les particules d'un corps unique; ce sens du service envers la totalité de la création; cette relation profonde avec le maître sans laquelle le chemin est périlleux, si ce n'est impossible. Caractéristique aussi cette quête d'une totalité de l'enseignement afin d'assimiler puis de restituer au monde des enseignements réservés auparavant à une élite.

Khwaja Baha-ud-dîn rencontra ainsi de nombreux maîtres pour accomplir cette éducation. Lorsqu'il rencontra par exemple Mevlana Kishgari aux quartiers d'hivers du Sultan Maburah Shah, le Mevlana senti que pour compléter son éducation, il devait l'envoyer vers un autre saint de cette époque et il lui dit en le regardant: "Tu es un oiseau de haut vol. La seule personne qui puisse être ton compagnon est ''Arif Dikkarani". Baha-ud-dîn raconte alors qu'en entendant ces paroles, il sentit en lui un grand désir de rencontrer 'Arif; le Mevlana, le devinant monta sur la terrasse de la maison et tourné vers le sud, il cria à trois reprises: 'Arif! 'Arif! 'Arif!". A cet instant 'Arif était en train de semer des graines dans un champ à vingt kilomètres, il entendit l'appel, se mis en route, rencontra Baha-ud-dîn pour la première fois et les deux hommes ne se quittèrent plus pendant trente années. Mevlana 'Arif était l'un des grands maîtres de son temps aux sciences nombreuses et aux pouvoirs de clairvoyance et de guérison exceptionnels, pourtant il continuait toujours de chercher à connaître plus profondément les mystères divins. Selon cette disposition d'esprit, les deux compagnons étaient toujours prêts à partir en voyage o— que ce fut pour trouver les "gens de la vérité". "Durant les trente années que je passais avec Mevlana 'Arif nous ne fûmes pas oisifs. Nous allions ici et là, en quête des gardiens de la Vérité. Nous nous rendimes deux fois au Hajj (le pèlerinage de la Mecque). Nous ne nous enfermions pas dans des cavernes; chaque fois que nous entendions parler d'un homme susceptible de posséder la connaissance de la vérité nous le cherchions." Cette dernière indication montre aussi l'attitude d'ouverture profondément éducative qui sera instaurée dans la confrérie dès l'origine et jusqu'à nos jours o— couramment les Sheikhs Naqshabandi voyagent avec leurs disciples et visitent avec eux d'autres maîtres.

Après la mort de Mevlena 'Arif, Baha-ud-dîn continua de voyager et rencontra le Sheikh turc Kassim l'un des successeurs de Ahmed Yassavi, fondateur de la confrérie Yassawiya, alchimste et disciple du grand Yûssuf Hamadanî. Mais aussi déterminante fut la rencontre avec cet autre Skeikh turc, Khalîl 'Ata avec lequel il resta douze ans. Il est dit en effet que dans son enfance, il eut une vision dans laquelle lui était montré le visage d'un derviche tandis qu'une voix lui conseillait d'aller le trouver en donnant son nom: Khalîl! Depuis ce jour Baha-ud-dîn restait dans la vigilance de le rencontrer. Or voila qu'un jour, tandis qu'il se trouve au bazar, il voit et reconnaît immédiatement ce visage. Il demande son identité, on lui répondt: "c'est Khalîl 'Ata". Il retourne alors chez lui avec la tristesse de n'avoir pas engagé la rencontre. Le soir arrive et un messager viens lui dire: "Le derviche Khalîl 'Ata te demande!". Il prit avec lui quelques fruits en présent et vint le voir. Lorsqu'il voulu lui décrire sa vision Khalîl lui dit: "Ce qui est apparu dans votre mental est ici et maintenant, il n'est pas besoin d'explication"!

La compagnie de ce maître fut un enseignement très particulier pour Baha-ud-dîn car Khalil Ata en tant que descendant de Gengis Khan devint le Sultan du Turkestan et régna pendant six ans à Boukhara. Baha-ud-dîn resta durant tout ce temps à son service et assista à cette expérience au cours de laquelle Khalîl su harmoniser avec douceur et justice les différents peuples, les officiels et les religieux, les propriétaires, les artisans et les marchands. Baha-ud-dîn dans son autobiographie parle de cette époque en disant au sujet de son maitre: "Il me témoignait une grande bonté. Il m'apprit à le servir. Je fis en même temps de grands progrès dans ma vie spirituelle".Néanmoins, six années plus tard le Sultanat s'effondra suite à une révolte fomentée par l'armée et l'aristocratie apprenant encore à Baha-ud- dîn la fragilité de tout pouvoir. Il écrivit à ce propos: "En un éclair l'oeuvre de toutes ces années fut entièrement détruite. C'est à partir de ce moment que je perdais toute confiance dans les affaires de ce monde. Je compris que le meilleur des hommes est impuissant en face de l'activité et de l'égo‹sme. Je quittais Samarcande et m'en retournais à Boukhara. Je vécus désormais dans le village de Ridwa, à quelques kilomètres de la ville." Lui même après cet épisode évitera ensuite d'avoir des relations avec les Sultans mais ne les refusera pas non plus. On rapporte beaucoup plus tard alors qu'il était devenu lui même un maître célèbre que le Roi de Hérat ayant demandé à le voir, il accepta d'aller le visiter, en disant que s'il n'allait pas voir le Roi, celui ci viendrait à lui, ce qui serait un poids pour les disciples et une calamité pour le peuple.

Au cours de cet entretien le Roi lui demanda: "en quoi consiste votre confrérie?". Le Khwaja répondit: "Selon l'enseignement du Khwaja Abd al Khâliq Khudjawanî et des gens de sa famille-que Dieu sanctifie leur esprit-nous pratiquons: "khalwa dar anjaman", la Retraite spirituelle dans la foule". Le roi demanda: "Qu'est ce donc la retraite spirituelle dans la foule?". Le khwaja dit: qu'on soit extérieurement avec la créature et intérieurement avec Dieu!

Le Roi dit: "comment est ce possible?" le Khwaja lui répondit: "Dieu le Très haut ne dit il pas dans son Livre: "Les hommes que ni le commerce ni le troc ne détourne de l'invo-cation de Dieu" (Cor. 24, 37). Il est ici fait allusion au dhikr khafi, cette prière d'invocation permanente qui par la pratique correcte et sincère s'installe au fond du coeur du disciple comme une respiration éternelle de l'esprit, présente en lui comme la respiration, quelles que soient les situations de sa vie. Une telle prière peut donc être pratiquée quels que soient les métiers ou les fonctions, y compris celle de roi. Un tel enseignement dans son universalisme pouvait donc être acceptable même pour un roi, d'o— la subtilité de l'énoncer à ce moment devant un tel personnage. L'étonnement du roi vient de ce qu'habituellement cette retraite (khalwa) s'effectue dans la solitude. Ici le lieu de la retraite, c'est le coeur lui même. En réalité ainsi que nous l'avons déjà remarqué, le r“le de Baha-ud-dîn sera surtout éducatif et de fait ses disciples furent très nombreux. Plusieurs eurent des statures exceptionnelles. Khwaja Mohammad Parsa, par exemple, fut un auteur très fécond en arabe comme en persan. Il écrivit la Risala Qudssia(sur les actes et les enseignements de son maître). Il fut aussi l'un des "ulema", un des grands théologiens de Boukhara; Khwaja 'Alâu ad-dîn 'Attar qui était son gendre fut quant à lui celui dentre tous choisi par les disciples pour lui succéder; tout aussi important est Mawlana Ya'qûb al Charqî auteur d'un commentaire persan du Coran. Il prendra à sa suite la direction spirituelle de la confrérie et deviendra le maître de celui qui sera l'un des plus célèbre Sheikh Naqshabandi: Khwaja 'Ubaid Allâh Ahrâr. L'enseignement de Khwaja Baha-ud-dîn dont nous avons donné déjà un aperçu est dans la ligne de la voie des Khawajagan instauré par 'Abd el Khâliq el Ghujdawani dont on se souvient qu'il avait donné huit principes. A ceux là Baha-ud-dîn va en ajouter trois autres.

Trés Principaux de la Confrerie Naqshabandi

1) Le "wuqûf Zamani": "le contr“le " ou la prise de conscience du "temps". Il s'agit de se rendre compte en permanence de l'emploi que nous faisons du temps. C'est un examen de conscience journalier ou l'on doit estimer, chaque soir avant de s'endormir nos manquements du jour et rendre grâce pour les bonnes actions accomplies.

2) le wuquf 'adadî: le contr“le des numérations. Il s'agit de garder conscience du nombre des invocations répétitives que l'on pratique chaque jour. C'est un enseignement de sagesse qui n'est pas toujours compris ou qui n'est pas accepté facilement par certains débutants qui se croient au dessus d'un calcul qui serait trop mesquin. Pourtant cet exercice procède du sens pratique et de la compassion du maître qui voulu donner au disciple un moyen pédagogique sûr pour contr“ler l'orientation de sa prière. Il s'agit au premier degré de compter proprement dit, au moyen d'un rosaire par exemple, le nombre de fois ou, l'on répète la formule "La ilah illa llah", pas de divinité si ce n'est Dieu ou le nom divin "Allâh". Ce comput permet au débutant de ne pas s'égarer dans des pensées ou des absences qu'il prendrait pour des états spirituels en outre le fait de pratiquer à voix haute la première partie de l'invocation prépare la conscience à l'invocation silencieuse qui suivra, lui donnant comme une forme, extériorisant son état, afin d'avoir une sorte de garantie de sa juste orientation. Plus tard le "compte", aide à prendre conscience du rythme de l'invocation soutenu par les souffles intérieurs puis, amène enfin le pratiquant à "construire" si l'on peut dire, sa méthode personnelle en fonction de ses capacités à retenir son souffle pendant un temps rythmé par le nombre des invocations. Ces éléments sont néanmoins diversement enseigné selon les maîtres. En tous cas, ils ne sauraient être pratiqués sans autorisation préalable et sans accompagnement spirituel. Il s'agit en effet non pas de devenir expert dans une technique mais de mettre avant tout la méthode au service d'une voie de contemplation selon un régime de "cuisson" progressive et inspirée! C'est pourquoi le wuqûf 'adadi est considéré comme "le premier degré de la science innée", cette science qui surgit spontanément du tréfonds du coeur et dont le prophète khidr est l'initiateur.

3)Le wuqûf al-qalbî: La vigilance du coeur. Il s'agit ici de préserver son coeur de toutes les suggestions ou impulsions diverses qui le détournent de la pureté et du silence nécessaires à l'établissement en lui de la présence divine. Cette veille de l'état du coeur Baha-ud-dîn considérait qu'elle devait être appliquée en toute circonstance:

    "Lorsqu'on mange, lorsqu'on parle, lorsqu'on se déplace, lorsqu'on vend et achète, lorsqu'on accomplit les rites de purifications et les offices liturgiques, lorsqu'on lit et écrit, il ne faut pas être distrait du rappel de Dieu le temps d'un clin d'oeil pour atteindre le but recherché"

Une telle attitude est tout à fait enraciné dans l'Islam le plus traditionnel; c'est ainsi qu'une célèbre tradition prophètique (hadith) énonçe, après avoir défini ce qu'est l'islam puis l'Imam (la foi): "l'Ihsan (l'excellence) c'est d'adorer Dieu comme si tu le voyais car si tu ne le vois pas, Lui te voit". Cette attitude intérieure ne modifie aucune des prescriptions de l'Islam, elle les éclaire à la lumière de la conscience de la permanence de la Présence Divine.

Pratique de la "Rabita al Sheikh": l'attachement au Sheikh

La pratique du "dhikr Khafi", l'invocation silencieuse, n'est pas sans rapport avec la pratique de la "Râbita". Peut être même peut on dire que ces deux pratiques: dhikr et râbita sont articulés entre elles à la façon des deux composantes essentielles d'une bague: l'anneau et la pierre. La lumière du dhikr en effet, demande à prendre forme et à être enchâssée selon une forme particulière. La forme ultime de la lumière, c'est la forme mohammadienne qui n'est jamais représentée car elle se renouvelle à toute époque d'une manière neuve à travers la chaîne de ses héritiers. C'est la réalité de cette forme que contemple le disciple qui pratique la "Rabita" avec l'image de son maître. C'est pourquoi également, la transmission du dhikr et de l'initiation suit le modèle même de la "Râbita".

Dans l'enseignement prophétique tel que nous l'avons reçu par exemple à travers le "hadith" sur: "l'islâm, l'imân, l'ihsân", l'ange Gabriel s'était manifesté sous l'aspect d'un homme beau aux vêtements immaculés sans trace de poussière ou sans les signes d'un voyage bien que venant du désert. Il s'était assis face au Prophète genoux contre genoux, lui enseignant ou transmettant des vérités, de coeur à coeur. De même un jour, le compagnon du Prophète Abu Bakr, reçu-t- il cette transmission de façon silencieuse, dans la caverne o— il se réfugia avec le Prophète, sur le chemin de Médîne. Cette caverne symbolise et réalise selon une harmonie visuelle, l'enveloppement de la conscience dans l'espace spirituel du coeur. Il est intéressant de remarquer l'analogie constante entre le coeur, la caverne et le "Tabut" (expression rappelons-le qui désigne d'une façon générique le lieu d'un dép“t spirituel quelles que soient les formes qu'il prendra dans l'histoire des hommes; l'arche d'alliance, le graal, ou la pierre noire de la Kaaba).

Ceci est encore plus significatif si l'on remarque que le Coran indique de façon très claire que là o— est l'arche d'alliance, là est le roi et que la manifestation d'évidence qui authentifie ce dép“t, c'est la descente de la Sakina. On comprend que ce modèle puisse être aussi celui de l'élection du "Khalif" qu'il soit de ceux qui gouvernèrent les corps o— de ceux qui gouvernèrent les coeurs. Or lors de cette transmission du Prophète à Abou Bakr, le Coran énonce "Alors Dieu descendit sur eux la Sakina"(Coran 9-40). Cette Paix "Sakina" sera aussi celle que cherchera à réaliser le murid, selon son degré de réalisation initiatique, comme une expression de la Présence divine dans le silence du dhikr. Pour le murid le Sheikh est le représentant du Prophète et lui même doit se mettre dans la position de sincérité d'Abou Bakr. Le disciple est face à son maître qui est pour lui le support de cette lumière mohammadienne (nûr moham-madî) alors, le maître par la force de son tawwajjuh (l'orientation de son coeur vers celui du disciple) projette sa "himma" son énergie spirituelle et sa "rahma" sa compassion, dans le coeur de son élève.

Cette pratique sur laquelle nous reviendrons, si elle existait avant Baha-oud-dîn a néanmoins commencé avec lui à être pratiquée de façon méthodique. On se souvient de l'anecdote o— le gendre de Baha-ud-dîn, son élève 'Alaou ad-dîn, le questionne sur le coeur; le maître répond par une projection effective de son influence spirituelle dans le coeur du disciple éveillant ainsi celui-ci à une nouvelle connaissance. Cette forme de transmission restera (sans être exclusive) l'une des caractéristiques de la voie Naqshabandi. C'est pourquoi un célèbre disciple de Baha-oud-dîn la pratiquera après lui aussi avec un rayonnement extraordînaire: 'Oubayd Allâh Ahrâr.



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Ch Hisham Kabbani

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