Vous
désirez être rempli. Mais ce qui est plein doit d’abord être vidé.
Videz-vous, de façon à vous remplir correctement, en observant ces
conseils comme autant de devoirs envers vous-même :
PREMIER CONSEIL
N’obéissez
pas à l’impulsion d’enseigner, si forte soit-elle. L’ordre d’enseigner
venu d’une source supérieure n’est jamais ressenti comme une impulsion.
DEUXIEME CONSEIL
Ne
vous fiez jamais à ce que vous prenez pour des expériences intérieures
: c’est seulement quand vous irez au-delà que vous atteindrez la
connaissance. Ces expériences sont trompeuses.
TROISIEME CONSEIL
Ne
voyagez jamais à la recherche de la connaissance à moins d’être envoyé.
Le désir de voyager pour apprendre est une épreuve, pas un ordre venu
d’une source supérieure.
QUATRIEME CONSEIL
Ne
vous laissez jamais aller à croire qu’un homme, ou une communauté, est
l’autorité suprême. Ce sentiment est une conviction, pas un fait. Il
vous faut dépasser la conviction pour aller au fait.
CINQUIEME CONSEIL
Ne
vous laissez jamais blesser par ce que vous imaginez être une critique
formulée par un maître à votre endroit, n’exultez pas s’il fait votre
éloge. Ces sentiments sont des obstacles sur le Chemin, ils ne vous
font pas avancer sur le Chemin.
SIXIEME CONSEIL
N’imitez
jamais et ne suivez jamais un homme d’humble apparence qui est en même
temps avare dans les choses matérielles, car ce genre d’homme tire
vanité des choses matérielles. Si vous êtes avare, pratiquez la
générosité non pas comme une vertu mais comme un correctif.
SEPTIEME CONSEIL
Soyez
prêt à reconnaître que toutes les croyances qui vous ont été inculquées
par votre entourage n’avaient pas grande valeur, même si elles vous ont
été très utiles à un moment donné. Elles peuvent devenir inutiles,
voire se transformer en pièges.
HUITIEME CONSEIL
Soyez
prêt à découvrir que certaines croyances sont fondées mais que leur
signification et leur interprétation peuvent varier d’une étape à
l’autre du voyage. Ceux qui ne sont pas sur le Chemin appellent cela «
contradictions ».
NEUVIEME CONSEIL
Rappelez
vous que la perception et l’illumination n’ont pas au début un
caractère tel que vous puissiez dire « C’est la perception », ou «
C’est l’illumination ».
DIXIEME CONSEIL
Vous ne pouvez pas tout mesurer au moyen de la même mesure du temps. Une chose doit en précéder une autre.
ONZIEME CONSEIL
Si
vous pensez trop à l’homme, vous penserez de façon disproportionnée à
l’activité. Si vous pensez trop à vous, vous penserez mal à l’homme. Si
vous pensez trop aux livres, vous ne donnerez pas aux autres éléments
l’attention qu’ils méritent. Utilisez une chose comme le correctif des
autres.
DOUXIEME CONSEIL
Vous
croyez avoir besoin de livres, pas d’exercices : ne vous fiez pas à
votre opinion personnelle. Vous croyez avoir besoin d’exercices, pas de
livres : fiez-vous moins à votre conviction.
TREIZIEME CONSEIL
Vous
vous considérez comme un disciple : rappelez-vous que « l’état de
disciple » est une attitude que l’élève assume pour découvrir la vraie
distance qui le sépare de son maître. Cette distance ne peut être
mesurée comme celle qui le sépare d’un édifice.
QUATORZIEME CONSEIL
Vous
éprouvez moins d’intérêt pour la Voie où vous vous êtes engagé : c’est
peut–être là qu’elle vous est le plus appropriée. Si vous imaginez que
vous ne devez pas continuer, ce n’est pas parce que vous n’êtes pas
convaincu ou que vous avez des doutes. C’est parce que vous êtes en
train d’échouer au test. Les doutes sont toujours là ; quand ils se
font jour, c’est votre faiblesse qui les a fait ressortir : cela vous
est utile, cependant.
QUINZIEME CONSEIL
Bannir
le doute, vous ne le pouvez pas. Le doute disparaît quand disparaissent
le doute et la croyance que l’on vous a inculqués. Si vous abandonnez
un chemin, c’est parce que vous en espériez une conviction. Vous
cherchez la conviction, pas la connaissance de soi.
SEIZIEME CONSEIL
Ne
revenez pas sans cesse sur la question de savoir si vous vous mettrez
entre les mains d’un maître. Vous êtes toujours entre ses mains. La
question est de savoir s’il peut vous aider à vous aider, car vous avez
trop peu de moyens. S’interroger pour savoir si l’on a ou non
confiance, c’est signe que l’on ne désire pas du tout avoir confiance,
et donc que l’on en est encore incapable. Croire que l’on peut avoir
confiance, c’est une croyance fallacieuse. Se demander : « Puis-je
avoir confiance ? » revient en fait à se demander : « Puis-je me former
une opinion assez solide pour me satisfaire ? ».
DIX-SEPTIEME CONSEIL
Ne
confondez jamais le dressage avec l’aptitude. Si vous ne pouvez pas
vous empêcher d’être ce qu’on appelle « bon » ou « tempérant », vous
êtes semblable au roseau taillé qui ne peut s’empêcher d’écrire
lorsqu’il est pris en main.
DIX-HUITIEME CONSEIL
Lorsque
vous avez observé ou éprouvé une émotion, corrigez-vous en vous
rappelant que des émotions tout aussi fortes sont éprouvées par des
gens ayant des croyances complètement différentes. Si vous imaginez que
cette expéeacute;rience – l’émotion – est noble ou sublime du fait de son
intensité, pourquoi ne croyez-vous pas que le mal au ventre élève l’âme
?
DIX-NEUVIEME CONSEIL
Si
un maître vous encourage, ce n’est pas qu’il veuille vous attacher à
lui. Il veut vous montrer, plutôt, qu’il n’est pas très difficile de
vous séduire. S’il vous décourage, la leçon à en tirer, c’est que vous
êtes à la merci du découragement.
VINGTIEME CONSEIL
L’expérience
de la compréhension et de la connaissance dans le monde de la Vérité
est complètement différente de ce qui est éprouvé comme compréhension
et connaissance dans le monde de la société. Tout ce que vous comprenez
de façon ordinaire concernant le Chemin n’est pas la compréhension sur
le Chemin, ce n’est que suppositions du dehors concernant le Chemin,
courantes chez les imitateurs inconscients.
:: Shah Naqshband ::