Cheick 
        `Abd al-Qadir al-Gilani (d.561)
      L’éminence 
        parmi les grands saints, surnommé al-Ghawth al-a'zam ou 
        l’Aide par excellence, il était aussi un éminent juriste 
        de l’école Hanbali. Son affiliation à l’école 
        Chafi'I et à Abou Hanifa ont été mentionnée. 
        Il fut le disciple d’éminents saints en autre ; Abou al-Khayr 
        Hammad ibn Mouslim al-Dabbas (d.525) et Khwaja Abou Youssouf al-Hamadani 
        (d.535), second dans la lignée après Abou al-Hassan al-Kharqani 
        (le cheick d’al-Harawi al-Ansari) dans la première chaîne 
        d’autorité Naqshbandi.
      Les 
        plus fameux travaux de Cheick 'Abd al-Qadir sont:
      · 
        al-Qhounya li talibi tariq al-haqq (La suffisante provision pour 
        les chercheurs sur la voie de la vérité); c’est l’une 
        des présentations les plus précises du madhhab de l’Imam 
        Ahmad ibn Hanbal ait jamais écrit, y comprit l’enseignement 
        solide d’Ahl al-Sounna sur l`aqida et le tassawwouf;
        · al-Fath al-rabbani (L’ouverture du Seigneur), 
        une collection de sermons pour les élèves et enseignants 
        de la voie Soufie et tous ceux attirés par la perfection; comme 
        son titre l’indique, ce livre apporte à ses lecteurs un immense 
        profit et une élévation spirituelle;
        · Foutouh al-ghayb (Les ouvertures de l’invisible), 
        une autre collection de sermons plus avancés que le précédent 
        et tout aussi précieux. Les deux ont été traduits 
        en anglais;[169]
      Du 
        fait de sa position dans l’école Hanbali, `Abd al-Qadir était 
        très respecté par Ibn Taymiyya, qui lui donna aussi le titre 
        de «mon Cheick» (cheickhouna) dans son fatawa, pendant 
        qu’il réservait le titre «mon Imam» (imamouna) 
        à Ahmad ibn Hanbal. Il citait fréquemment Gilani et son 
        cheick al-Dabbas comme étant parmi les meilleurs Soufis des derniers 
        temps.
      Les 
        karamat ou miracles d’`Abd al-Qadir sont trop nombreux 
        pour être énumérés. L’un d’eux 
        consiste au don de guider qui était manifeste dans son parlé 
        et à travers lequel plusieurs milliers entrèrent dans Islam 
        ou se repentirent. Al-Chattanawfi dans Bahjat al-asrar mentionne 
        plusieurs de ses miracles, donnant à chaque fois une chaîne 
        de transmission. Ibn Taymiyya prit ces rapports pour satisfaire les critères 
        d’authenticité, mais son élève al-Dhahabi, 
        même s’il prétendait croire de manière générale 
        aux miracles d’Abd al-Qadir, mécroit, malgré tout, 
        à plusieurs d’entre eux. Nous avons déjà vu 
        ce trait de caractère d’al-Dhahabi dans son doute au sujet 
        du solide rapport et de l’admiration de l’Imam Ahmad pour 
        al-Mouhassibi. Voici ses dires au sujet de Gilani dans Siyar a`lam 
        al-noubala´:
      [#893] 
        al-cheick `Abd al-Qadir (Al-Jilani): Le cheick, l’imam, le savant, 
        le zahid, le connaisseur, l’exemplaire, Cheick Al-Islam, le distingué 
        parmi les Awliya… le Hanbali, le cheick de Bagdad… Je dis: 
        Il n’y en a aucun parmi les grands cheicks qui a plus d’états 
        spirituels et de miracles (karamat) que Cheick `Abd al-Qadir, 
        mais beaucoup de ces miracles ne sont pas vrais et certaines de ces choses 
        sont impossibles.[170]
      Voici 
        le récit suivant de la première rencontre de Gilani avec 
        al-Hamadani et rapporté par Haytami dans son Fatawa hadithiyya:
      Abou 
        Sa`id `Abd Allah ibn Abi `Asroun (d.585), l’Imam de l’école 
        Chafi`i, dit: «Lorsque je commençai à chercher la 
        connaissance religieuse, je restais en compagnie de mon ami Ibn al-Saqa 
        qui était un élève de l’école Nizamiyya, 
        et il était de notre habitude de rendre visite aux pieux. Nous 
        avons appris qu’il y avait à Bagdad un homme du nom de Youssouf 
        al-Hamadani qui était connu comme al-Ghawth, et qu’il était 
        capable d’apparaître et de disparaître toutes les fois 
        qu’il le voulait. Ainsi, donc je décidai de lui rendre visite 
        avec Ibn al-Saqa et Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani, qui était jeune 
        en ce temps-là. Ibn al-Saqa dit, «Lorsque nous visiterons 
        Youssouf al-Hamadani, je lui poserai une question dont il ne connaîtra 
        pas la réponse.» Je dis: «Je vais lui poser aussi une 
        question et je veux voir ce qu’il va dire.» Cheick `Abd al-Qadir 
        al-Gilani dit: «O Allah, épargne-moi de questionner un saint 
        comme Youssouf al-Hamadani, mais j’irai en sa présence pour 
        solliciter sa baraka – bénédiction – 
        et sa connaissance divine.»
      «Nous 
        entrions dans son cercle d’étude. Il se rendit invisible 
        et nous n’arrivions pas à le voir pendant un certain temps. 
        Il regarda sévèrement Ibn al-Saqa et dit: «O Ibn al-Saqa, 
        comment oses-tu me poser une question alors que ton intention est de me 
        confondre? Ta question est celle-ci et ta réponse est celle-là!» 
        Ensuite il dit: «Je vois le feu de la mécréance brûlé 
        dans ton cœur.» Il me regarda et dit, «O `Abd Allah, 
        es-tu en train de me poser une question et attendre ma réponse? 
        Ta question est celle-ci et ta réponse celle-là. Les gens 
        sont mécontents de toi parce que leur attention est distraite par 
        ton manque de respect à mon égard.» Ensuite il regarda 
        Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani, le fit asseoir près de lui et l’honora. 
        Il dit: «O `Abd al-Qadir, tu as satisfait Allah et Son Prophète 
        par ton respect pour moi. Je te vois assis dans le futur à la plus 
        haute place à Bagdad, prêchant, enseignant aux gens et leur 
        disant que tes pieds sont sur le cou de chaque wali! Et, je vois, chaque 
        wali de ton temps te donner la préséance à cause 
        de ton rang et ton honneur.»
      Ibn 
        Abi `Asroun continue, «La renommée d’Abd al-Qadir devint 
        très populaire et tout ce que Cheick al-Hamadani avait dit à 
        son sujet arriva. Il fut un temps où il dit, «Mes pieds sont 
        sur le cou de tous les awliya,» et il fut une référence 
        et un flambeau en son temps, illuminant les gens jusqu’à 
        leur destination.
      Le 
        sort d’Ibn al-Saqah fut autre chose. Il était brillant dans 
        sa connaissance de la loi divine. Il devançait tous les savants 
        de son temps. Il avait l’habitude de débattre avec les savants 
        de son temps et les vaincre, jusqu’à ce que le caliphe l’admit 
        dans son cercle. Un jour le calife l’envoya comme émissaire 
        chez le Roi de Byzance, qui à son tour fit appel à tous 
        ses prêtres et savants de la religion Chrétienne pour débattre 
        avec lui. Ibn al-Saqa les vaincu tous. Ils furent incapables de donner 
        des réponses en sa présence. Il leur donna des réponses 
        qui les rendirent comme des enfants et de simples élèves 
        en sa présence.
      Sa 
        brillance fascina tellement le Roi de Byzance qu’il l’invita 
        à une rencontre privée avec la famille royale. A cette rencontre, 
        il vit la fille du Roi. Il tomba immédiatement amoureux d’elle, 
        et il demanda au Roi la permission de l’épouser. Elle refusa 
        à moins qu’il accepta sa religion. Il accepta, abandonnant 
        ainsi l’Islam et acceptant la religion Chrétienne de la princesse. 
        Après son mariage, il tomba sérieusement malade. Ils le 
        chassèrent du palais. Il devint un mendiant dans la ville, quémandant 
        de la nourriture, mais personne ne lui en fournissait. L’obscurantisme 
        s’abattit sur son visage.
      Un 
        jour, il vit quelqu’un qu’il connaissait. Cette personne rapporte: 
        «je lui demandai, qu’est-ce qui t’es arrivé?» 
        Il répondit: «Il y avait une tentation et j’y suis 
        tombé.» L’homme lui demanda: «Te souviens-tu 
        de quelque chose du Coran?» Il répondit: «Je me souviens 
        seulement de roubbana yawaddu al-ladhina kafarou law kanou muslimin…«Encore 
        ceux qui mécroient voudraient avoir été Musulmans» 
        (15:2).
      Il 
        tremblait comme s’il allait rendre son dernier souffle. Je le tournai 
        en direction de la Ka`aba, mais il ne faisait que se tourner en direction 
        de l’est. Encore, je le tournai en direction de la Ka`aba, mais 
        il tourna en direction de l’Est. Je le tournai pour une troisième 
        fois en direction de la Ka`aba, mais il se retourna en direction de l’Est. 
        Comme son âme alors le quittait, il dit: «O Allah; ceci est 
        le résultat de mon manque de respect à Ton saint, Youssouf 
        al-Hamadani.»
      Ibn 
        Abi `Asroun continue: «Je partis à Damas et le Roi là-bas, 
        Nour al-Din al-Chahid, m’offrit le contrôle du département 
        des affaires religieuses que j’acceptai. En conséquence, 
        la dunya entra de tous les côtés: provisions, subsistance, 
        l’honneur, l’argent, et une position pour le reste de ma vie. 
        Ceci est ce que le ghawth Youssouf al-Hamadani avait prédit pour 
        moi.»[171]
      Ibn 
        al-Jawzi (d.597)
      Ce 
        maître de hadiths et historien de l’école Hanbali était 
        un ennemi farouche des innovateurs de son temps.[172] 
        Son Talbis Iblis (L’illusion de Satan) est souvent cité 
        par les “Salafis” pour s’opposer au tassawwouf, 
        mais en réalité il le rédigea seulement contre certains 
        excès qu’il observa dans tous les groupes de la communauté, 
        dont les savants de tous genres y compris les Soufis.
      Talbis 
        Iblis est peut-être le seul et le plus important facteur existant 
        exprimant la notion d’hostilité d’Ibn al-Jawzi envers 
        le tassawwouf. En réalité, cette œuvre ne 
        fut pas écrite en guise d’hostilité contre le tassawwouf 
        et les Soufis. C’est une critique de toutes les doctrines et 
        pratiques, peu importe leurs sources, et opposées à tout 
        ce qu’il considérait d’innovations injustifiées 
        dans la Chari`a, où que ce soit dans la communauté 
        Musulmane de son temps. Ce fut écrit contre des pratiques spécifiques 
        innovées de plusieurs groupes, y compris les philosophes (al-moutafalsifa), 
        les théologiens (al-moutakallimoun), les savants de hadiths 
        (`oulama´ al-hadith), les juristes (al-fouqaha´), 
        les prêcheurs (al-wou`az), les philologues (al-nahawiyyoun), 
        les poètes (al-chou`ara´), et certains Soufis. Ce 
        ne fut en aucun cas, une critique des sujets qu’ils étudièrent 
        ou enseignèrent, mais une critique contre des introductions spécifiques 
        d’innovations dans leurs disciplines et champs respectifs.
      Ibn 
        al-Jawzi rédigea plusieurs livres de “mérites” 
        (manaqib) au sujet des premiers Soufis dont Manaqib Rabi`a 
        al-`Adawiyya, Manaqib Bishr al-Hafi, et autres. Son Sifat al-safwa 
        (Les manières des élites) un abrégé du Hilyat 
        al-awliya´ (L’ornement des saints) d’Abou Nou`aym, 
        et son Minhaj al-qassidin wa moufid al -sadiqin (La voie des 
        voyageurs vers Allah et le dirigeant à la vérité) 
        sont considérés comme des piliers dans le champ du tassawwouf. 
        Il fut encouragé à écrire le dernier livre à 
        cause du succès du Ihya´ `ouloum al-din de Ghazali, 
        et en vérité le Minhaj adopte en majorité 
        la méthodologie et le language du Ihya´ en addition au fait 
        qu’il traite du même sujet, l’auto-purification et les 
        éthiques personnelles.
      Le 
        Minhaj fut résumé en un volume par Najm al-Din 
        Abou al-`Abbas Ahmad ibn Qoudama (d.742). Voici certains de ses titres 
        de chapitres et extraits les plus illustratifs de l’influence de 
        Ghazali sur Ibn al-Jawzi et l’adoption des terminologies Soufies 
        de ce dernier:
      · 
        Fasl `ilm alwal al-qalb (Section sur les sciences des états 
        du cœur)
        · Fasl fi qaqa’iq al-adab al-batina wa al-ishara ila 
        adab al-hajj (Section sur les éthiques des secrets du Pèlerinage)
        · Kitab riyad al-nafs wa tahdhib al-khoulouq wa mou`alajat 
        amrad al-qalb (Le livre du dressage de l’égo, l’éducation 
        du caractère et le traitement des maladies du cœur)
        · Fasl fi fa’idat shahawat al-nafs (La section sur 
        le bénéfice de l’appétit de l’égo)
        · Bayan al-riya´ al-ladhi houwa akhfa min dabib al-naml 
        (L’exposition de l’ostentation cachée qui est plus 
        sournois que le bruit des pas d’une fourmi)
        · Fasl fi bayan ma youhbitou al-`amal min al-riya' wa ma la 
        youhbit (La section de l’exhibition de l’ostentation 
        qui annule les actions de l’un et l’ostentation qui n’en 
        fait pas)
        · Fasl fi dawa' al-riya' wa tariqatou mou`alajat al-qalbi fih 
        (La section sur les remèdes de l’ostentation et la voie 
        du traitement du cœur et de ses maux)
        · Kitab al-mahabba wa al-chawqi wa al-ounsi wa la-rida 
        (Le livre de l’amour, le désir passionné, la familiarité 
        et le bon plaisir)
        · Fasl fi bayan mi`na al-shawq ila allahi ta`ala (La section 
        définissant le sens de l’amour passionné pour Allah)
        · Bab fi al-mouhassaba wa al-mouraqaba (Chapitre sur l’auto-méditation 
        et la vigilance) 
      - 
        al-maqam al-awwal: al-moucharata  (Le premier niveau: l’engagement)
        - al-maqam al-thani: al-mouraqaba (Le deuxième niveau: 
        la vigilance)
        - al-maqam al-thalith: al-mouhassaba ba`da al-`amal (Le troisième 
        niveau: l’auto-jugement après une action) 
        - al-maqam-al-rabi`: mou`aqabat al-nafs `ala taqsiriha (Le quatrième 
        niveau: réprimander l’égo pour ses défauts)
        - al-maqam al-khamis: al-moujahada (Le cinquième niveau: 
        la lutte)
        - al-maqam al-sadis: fi mou`atabat al-nafs wa tawbikhiha (Le 
        sixième niveau: réprimander et critiquer sévèrement 
        l’égo)
      Abou 
        Bakr al-Siddiq dit: «Quiconque hait son égo pour la cause 
        d’Allah, Allah le protégera contre ce qu’Il hait.»
      Anas 
        dit: «`J’entendis `Oumar dire, un jour, qu’ il était 
        seul derrière un mur: «Bakh, bakh! Bravo, bien fait, O mon 
        égo! Par Allah, tu es mieux d’avoir peur d’Allah; O 
        petit enfant de Khattab, autrement je te punirai!»
      Al-Bakhtari 
        ibn Haritha dit: «Je vis l’un des adorateurs assis devant 
        un feu qu’il avait allumé et il punissait son égo; 
        et il ne cessa de le punir jusqu’à ce qu’il mourru.»
      L’un 
        d’entre eux dit: «Lorsque les saints sont mentionnés, 
        je me dis: Mépris à toi O mon nafs et mépris 
        à toi encore O mon nafs.»
      Sache 
        que ton pire ennemi est ton égo qui réside entre tes deux 
        flancs. Il a été créé comme un tyran ordonnant, 
        et te poussant toujours vers le mal, on t’a ordonné de le 
        dresser, le purifier (tazkiyat), le sevrer de ce dont il se nourrit, 
        le trainer en chaîne, le soumettre à l’adoration de 
        son Seigneur.[173]
      Imam 
        Fakr al-Din Razi (d.606)
      «Un 
        savant Chafi`i de génie et un Imam moujtahid en 
        doctrine de la foi, il fut parmi les figures les plus en vue de son temps 
        dans la maîtrise de la logique et les sciences traditionelles Islamiques, 
        et il préserva la religion d’Ahl al-Sunna de la 
        déviation des Mou`tazilites, des Chïites, des Anthropomorphistes 
        et autres sectes aberrantes de son temps.»
      Il 
        rédigea dans son I`tiqadat firaq al-mouslimim wa al-mouchrikin:
      Le 
        sommaire de ce que disent les Soufis c’est que la voie de la connaissance 
        d’Allah est l’auto-purification et la renonciation à 
        l’attachement matériel, et ceci est une excellente voie… 
        Les Soufis sont un groupe qui travaille avec réflection sur le 
        détachement du soi et des pièges de la vie matérielle. 
        Ils luttent afin que leurs cœurs soient uniquement occupés 
        avec le souvenir d’Allah dans toutes leurs besognes et actions, 
        et ils sont caractérisés par la perfection de leurs manières 
        dans les relations avec Allah. En vérité ce sont les meilleurs 
        de toutes les races des êtres humains.[174]
      Abou 
        al-Hassan al-Chadhili (d.656)
      L’un 
        des grands saints de la Communauté, dit au sujet du tassawwouf:
      Celui 
        qui meurt sans être entré dans cette connaissance qui est 
        la nôtre meurt en insistant sur ses péchés graves 
        (kaba'ir) sans le réaliser.[175]
      Soultan 
        al-`Oulama' al-`Izz ibn `Abd al-Salam al-Soulami (d.660)
      Son 
        surnom est «Le Sultan des Savants.» Le Cheick al-Islam 
        de son temps, il étudia le hadith sous le hafiz al-Qassim ibn `Ali 
        ibn `Assakir al-Dimachqi, et le tassawwouf sous le cheick 
        al-Islam Chafi`i Chihab al-Din al-Souhrawardi (539-632), lequel al-Dhahabi 
        appelle: «Le cheick, l’imam, le savant, le zahid, 
        le connaisseur, le mouhaddith, le Cheick al-Islam, le 
        hors pair des Soufis…»[176] Il étudia 
        aussi sous Abou al-Hassan al-Chadhili (d.656) et son disciple al-Moursi. 
        L’auteur de Miftah al-sa`ada et al-Soubki dans son Tabaqat 
        rapportent qu’al-`Izz disait à chaque fois qu’il entendait 
        al-Chadhili et al-Mourssali parler: «Ceci est le genre de discours 
        qui vient fraîchement d’Allah.»[177]
       
        Dans ses deux volumes Qawa`id al-ahkam fi massalih al-anam sur 
        ousoul al-fiqh il mentionne que les Soufis sont ceux au sujet 
        desquels Allah dit: «Le parti d’Allah» 
        (5:56, 58:22), il définit le tassawwouf comme «l’amélioration 
        des cœurs à travers lesquels la santé des corps est 
        saine et à travers lesquels les maladies des corps sont des maux.» 
        Il considéra la connaissance des règles légales externes 
        comme une connaissance de la Loi dans ses généralités, 
        tandis que la connaissance des matières internes est une connaissance 
        de la Loi dans ses détails les plus fins.[178]
      Parmi 
        ses livres sur le tassawwouf il y a:
      · 
        Charjarat al-ma`arif wa al-ahwal wa salih al-aqwal wa al-a`mal 
        (L’arbre des sciences gnostiques, états, déclarations 
        pieuses et actions) s’étendant sur vingt chapitres dont les 
        septs derniers sont consacrés aux branches variées de l’ihsan 
        dans la religion du croyant;
        · Moukhtassar ri`ayat al’Mouhassibi, un abrégé 
        du livre d’al-Mouhassibi sur l’Observance des droits d’Allah;
        · Massa'il al-tariqa fi `ilm al-haqiqa (Questions sur 
        la voie Soufie concernant la connaissance de la Réalité) 
        dans lequel al-`Izz répond à soixante questions au sujet 
        du tassawwouf;
        · Rissala fi al-qutb wa al-abdal al-arba`in (Traité 
        sur le Pôle des saints et les quarantes successeurs);
        · Fawa'id al-balwa wa al-mihan (Les bénéfices 
        des épreuves et des afflictions);
        · Nihayat al-roughba fi adab al-souhba (L’obtention 
        des vœux dans l’étiquette de la compagnie).
      Malgré 
        sa rigueur en toute matière, il est très connu pour son 
        acceptation de la sama` ou les récitals poétiques, 
        les mouvements du corps et la danse[179] associés 
        avec des transes et autres états d’extase au cours du dhikr. 
        L’Imam Ahmad rapporta dans son Mousnad:
      `Ali 
        dit: Je visitai le Prophète avec Ja`far (ibn Abi Talib et Zayd 
        (ibn Haritha). Le Prophète dit à Zayd: «Tu es mon 
        homme affranchi» (anta mawlay), à la suite duquel 
        Zayd commença à sautiller sur son pied autour du Prophète 
        (hajala). Le Prophète dit ensuite à Ja`far: «Tu 
        me ressembles dans ma création et dans mes manières» 
        (anta achbahta khalqi wa khoulouqi), à la suite duquel 
        Ja`far commença à sautiller derrière Zayd. Le Prophète 
        me dit ensuite: «Tu fais partie de moi et je fais partie de toi» 
        (anta minni wa ana minka) je commençai à sautiller 
        derrière Ja`far.[180]
      Cheick 
        al-Islam Ibn Hajar al-Haytami mentionne que certains savants ont déduit 
        à partir de cette évidence la permissibilité de danser 
        (al-raqs) à l’écoute d’un récital 
        qui élève l’esprit.[181] al-Yafi`i 
        est en accord avec lui dans Mir'at al-jinan.[182] 
        Les deux mentionnent al-'Izz ibn `Abd al-Salam comme l’exemple parfait 
        de tel savants dans la mesure où il est authentiquement rapporté 
        que lui-même «prit part au sama`et dansa en état 
        d’extase» (kana yahdourou al-sama` wa yarqoussou wa yatawajadou), 
        comme cela est confirmé par Ibn al-`Imad sur l’autorité 
        d’al-Dhahabi, Ibn Chakir al-Koutabi, al-Yafi`i, al-Nabahani et Abou 
        al-Sa`adat.[183] 
      Cette 
        permissibilité d’un type de danse de la part des Imams et 
        des maîtres de hadiths exclue l’interdiction du sama` 
        sur une base générale, aussi bien que la danse qui accompagne 
        la sama`, sans égard aux réserves d’Ibn Taymiyya 
        à ce sujet. Dans le langage des «Salafis» d’aujourd’hui, 
        cela devient un interdit nul et non avenu.
      Quant 
        aux cas particuliers où la danse peut être interdite, il 
        s’agit là des genres mondains de danse efféminée 
        qui n’a rien avoir avec l’extase du sama` et du dhikr. 
        Al-`Izz ibn `Abd al-Salam différencia les deux types dans ses Fatwas:
      Danser 
        est une bid`a ou une innovation qui n’est approuvé 
        que par celui qui a une carence dans l’esprit. Elle n’est 
        convenable que pour les femmes. En ce qui concerne l’écoute 
        de la poésie (sama') qui excite vers les états 
        de la pureté (ahwal saniyya), qui rappelle l’au-delà: 
        il n’y a rien de mal en cela, au contraire cela est recommandé 
        (bal youndabou ilayh) pour les cœurs tièdes et endurcis. 
        Cependant, celui qui dissimule des idées malsaines en son cœur 
        il ne lui est pas permis de prendre part au sama', car le sama' 
        excite tout désir déjà présent dans le cœur, 
        le désirable et le détestable.[184]
      Il 
        dit aussi dans son Qawa`d al-ahkam:
      Danser 
        et applaudir sont une mauvaise manifestation ressemblant à celle 
        des femmes que personne ne tolère sauf les hommes frivoles et les 
        menteurs… quiconque comprend la grandeur d’Allah ne peut s’imaginer 
        en train d’applaudir et de danser car ces actes ne sont performés 
        que par l’ignorant grossier, non par ceux qui ont un mérite 
        et une intelligence et la preuve de leur ignorance est que la Chari`a 
        n’a cité aucune preuve de ces actions dans le Coran et la 
        Sunna, et aucun des Prophètes et leurs illustres compagnons ne 
        le firent.[185]
      al-`Izz 
        sur la Supériorité du Rang des awliya' Sur Celui des `oulama
      Al-`Izz 
        ibn `Abd al-Salam fut questionné dans sa Fatwa au sujet 
        de la validité des déclarations de Qouchayri et Ghazali 
        ¨que le plus haut niveau parmi les serviteurs d’Allah après 
        les Messagers et Prophètes est celui des saints (awliya'), 
        suivi de celui des savants (`oulama'). Il répondit:
      Concernant 
        la priorité des connaisseurs d’Allah sur les connaisseurs 
        des lois d’Allah, les dires des maîtres Qouchayri et Abou 
        Hamid (al-Ghazali) sont confirmés. Aucune personne, dotée 
        de sens, ne doute que les connaisseurs d’Allah… non seulement 
        sont les meilleurs que les connaisseurs des lois d’Allah, mais sont 
        aussi meilleurs que ceux qui connaissent les branches et les racines de 
        la religion, parce que le rang d’une science est selon ses buts 
        immédiats… La plupart du temps les savants sont voilés 
        par leur connaissance qu’ils ont d’Allah et de Ses attributs, 
        autrement dit, ils seraient parmi les gnostiques dont la connaissance 
        est continue, comme cela convient à la demande de la vraie vertu. 
        Et, comment les gnostiques et les juristes puissent être les mêmes 
        quand Allah dit: «Le plus noble parmi vous, auprès 
        d’Allah est le plus pieux» (49:13)?.. et par les 
        «savants» (`oulama´) quand Il dit «Parmi 
        Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah» (35:28), 
        Il fait cas de ceux qui Le connaissent, de même que Ses attributs, 
        et Ses actions, et non ceux qui connaissent Ses lois… Un signe de 
        la supériorité des gnostiques par rapport aux juristes est 
        qu’Allah fait des miracles aux mains des premiers, mais jamais aux 
        mains du deuxième groupe, à l’exception de ceux qui 
        entrent dans la voie des gnostiques et acquièrent leurs caractéristiques.[186]
      Ce 
        ne fut pas nécessaire qu’al-`Izz introduise les savants de 
        hadiths dans la mesure où ceux-ci sont considérés 
        d’un niveau inférieur aux savants de fiqh et sont par conséquent 
        inclus avec eux en-dessous des saints. Ibn Abi Zayd al-Maliki rapporte 
        Soufyan ibn `Ouyayan disant: «L’hadith conduit à l’égarement 
        sauf les fouqaha´,» et le compagnon de Malik, Ibn 
        Wahb dit: «Tout maître de hadith qui n’a pas d’Imam 
        en fiqh est égaré (dall). Si Allah ne nous avait pas sauvé 
        avec Malik et al-Layth, nous aurions été égarés.»[187] 
        Nous avons déjà mentionné l’avertissement de 
        l’Imam Malik ¨ que la religion ne consiste pas en la narration 
        de quantité de hadiths mais plutôt en la lumière qui 
        prend siège dans la poitrine.
       
        Imam Nawawi (d.676)
      L’un 
        des grands savants Soufis, le plus stricte des maîtres de hadiths 
        des temps derniers et le plus méticuleux des juristes, Cheick al-Islam 
        Mouhyiddin Yahya ibn Charaf al-Nawawi est avec al-Rafi`i les principales 
        références de l’école Chafi`i des 
        derniers temps. Ses livres restent toujours d’autorité dans 
        la méthodologie de la loi, dans le commentaire du Coran et dans 
        le hadith. Son commentaire de sahih Mouslim est en deuxième 
        position après celui d’Ibn Hajar sur sahih Boukhari. 
        Allah donna à sa fameuse compilation de Quarante Hadiths probablement 
        plus de renommée et d’audience que tout autre livre de haditha, 
        qu’il soit volumineux et petit, et permis à Nawawi d’être 
        d’un immense bénéfice à la Communauté 
        Islamique.
       
        Nawawi était considéré comme un Soufi et un saint, 
        comme cela est évident par les titres de quelques uns de ses travaux 
        et celui de la biographie de Sakhawi intitulé Tarjamat cheick 
        al-islam, qoutb al-awliya' al-kiram, faqih al-anam, mouhyi al-Din al-Nawawi 
        (La biographie du Cheick de l’Islam, le Pôle des Nobles Saints, 
        le Juriste de l’humanité, le Revivicateur de la Sunna 
        et le Défenseur contre les innovations… al-Nawawi.)
      Nawawi 
        écrit dans son petit ouvrage intitulé al-Maqassid fi 
        al-tawhid wa al-`ibada wa ousoul al-tassawwouf (Les buts de l’unicité, 
        l’adoration et les fondations de l’auto-purification):
      Les 
        spécifications de la Voie des Soufis sont de cinq:
      1. 
        garder la Présence d’Allah en son cœur en public comme 
        en privée;
        2. pratiquer la Sunna du Prophète dans l’action comme dans 
        le parlé;
        3. se retirer des gens et ne pas avoir recours à eux;
        4. être satisfait avec ce qu’Allah te donne même si 
        cela est peu;
        5. avoir toujours recours à Allah pour tous ses problèmes.[188]
      Il 
        rendit l’âme avant qu’il ne puisse finir son Boustan 
        al-arifin fi al-zouhd wa al-tassawwouf (Le jardin des gnostiques 
        dans l’ascétisme et l’auto-purification), qui est une 
        collection précieuse des dires des premières et dernières 
        générations des maîtres de tassawwouf élaborant 
        sur quelques points de l’auto-purification. En voici quelques extraits:
      Al-Chafi`i 
        (qu’Allah lui accorde Sa Miséricorde) dit: «Seul le 
        sincère (moukhlis) connait ce qu’est l’hypocrisie 
        (riya').» Ceci signifie qu’il est impossible de connaitre 
        la réalité de l’hypocrisie et voir ses aspects cachés 
        sauf pour celui qui cherche de manière résolue la sincérité 
        (arada). Celui-ci, lutte pendant une longue période, cherchant, 
        méditant et examinant profondément en lui-même jusqu’à 
        ce qu’il sache ou connaisse quelque chose au sujet de ce qu’est 
        l’hypocrisie. Cela n’arrive pas à tout le monde. En 
        vérité, ceci arrive seulement aux élites (al-khawass). 
        Mais pour un individu donné, affirmer qu’il connait ce qu’est 
        l’hypocrisie est signe d’ignorance de sa part.
      Je 
        mentionnerai, dans ce livre, un chapitre par la volonté d’Allah, 
        dans lequel tu verras un type de merveille qui rafraîchira tes yeux. 
        Pour illustrer l’étendue de la dissimulation de l’hypocrisie, 
        nous avons seulement besoin de rapporter le récit suivant de la 
        part du Professeur et Imam Abou al-Qassim al-Qouchayri, qu’Allah 
        répande Sa miséricorde sur lui, extrait de sa Rissala 
        avec notre isnad mentionné auparavant.
      Il 
        dit: «j’entendis Mouhammad ibn al-Houssayn dire: J’entendis 
        Ahmad ibn Ali Jafar dire: J’entendis al-Hassan ibn Alawiyya dire: 
        Abou Yazid [al-Bistami], qu’Allah soit satisfait de lui, dit: J’étais 
        pendant douze années le forgeron de mon égo (haddadou 
        nafsi), puis pendant cinq années je devint le miroir de mon 
        cœur (mir'atou qalbi), puis pendant une année je 
        regardai ce qui reposa entre les deux, et je vis autour de moi une ceinture 
        visible [c’est-à-dire de koufr = signe vestimentaire 
        d’un sujet non-musulman d’un état Islamique]. Alors, 
        j’ai luttai pendant douze années pour la couper et je la 
        vis encore, et je la vis cachée autour de moi. Ensuite, je m’attelai 
        pendant cinq années à voir comment la couper. Alors, je 
        fus dévoilé (kouchifa li) et lorsque je regardai 
        la création, je vis qu’ils étaient tous morts. Je 
        récitai alors la prière funèbre sur eux.»
      Je 
        dis: Cette hypocrisie étant aussi énigmatique que les maîtres 
        de cette voie [c’est-à-dire le tassawwouf] qui n’ont 
        pas d’égal montre combien de fois il reste dissimulé. 
        Sa phrase: «Je les vis tous morts» est le sommet de la valeur, 
        de la beauté et la rareté autre que les mots du Prophète, 
        la Paix et la Bénédiction d’Allah sur lui, regorge 
        d’une telle richesse en significations. Je toucherai brièvement 
        à ces significations. Le sens est qu’après qu’il 
        ait lutté longtemps et difficilement et que son égo ait 
        été discipliné et son cœur illuminé, 
        et lorsqu’il eu conquis son égo et soumis et achevé 
        une complète maîtrise sur lui et qu’il l’a totalement 
        assujeti à lui, à ce moment, il regarda toutes les créatures 
        et trouva qu’elles étaient toutes mortes et sans pouvoir:
      elles 
        ne peuvent faire du tort ni être bénéfiques
        elles ne peuvent donner ni retirer
        elles ne peuvent donner ni la vie ni la mort
        elles ne peuvent communiquer ni trancher
        elles ne peuvent transmettre ni oter
        elles ne peuvent rendre heureux ni rendre triste
        elles ne peuvent accorder ni dépriver
        elles ne possèdent pour elle-même ni bénéfice, 
        ni tort, ni mort, ni vie, ni résurrection.
      Ceci, 
        donne les caractéristiques de la mort aux êtres humains: 
        ils sont considérés morta dans toutes les conditions ci-dessus 
        mentionnées, ils ne sont ni craints ni suppliés, ce qu’ils 
        possèdent n’est pas convoité, ils ne sont ni attrayants 
        ni flatteurs, personne ne leur donne une attention, ils ne sont pas enviés 
        ni dénigrés, leurs défauts ne sont pas mentionnés 
        ni leurs fautes poursuivies et exposées, personne n’est jaloux 
        d’eux ni ne pense aux faveurs qu’ils ont reçues d’Allah, 
        et ils sont pardonnés pour leurs erreurs, quoique les punitions 
        légales leur sont appliquées selon la Loi. Mais, ’application 
        d’une telle punition n’exclue pas ce que nous avons mentionné 
        auparavant, ni elle exclue notre effort de couvrir leurs erreurs sans 
        au moins les dissuader.
      Voici 
        comment les morts sont vus. Et si quelqu’un mentionne les êtres 
        humains de manière déshonorable nous lui interdisons de 
        sonder ce sujet de la même manière que nous l’aurions 
        fait s’il devait examiner un mort. Nous ne faisons rien pour leur 
        intérêt nous les Lui laissons. Et, nous ne nous arrêtons 
        plus à exécuter un acte d’obéissance envers 
        Allah à leur sujet que nous le faisons au sujet d’un mort, 
        et nous ne les louons pas. Et, nous n’aimons pas non plus leurs 
        louanges à notre égard ni haïssons leurs insultes, 
        et nous ne leur rendons pas la pareille.
      En 
        résumé, ils sont comme s’ils n’existaient pas 
        . Ils sont sous la complète attention et juridiction d’Allah. 
        Quiconque a des rapports avec eux de cette manière, a combiné 
        le bien de l ‘autre monde et celui d’ici-bas. Puisse Allah 
        Le Généreux nous donner le succès dans cet l’achèvement. 
        Ces quelques mots sont suffisants pour expliquer les dires d’Abou 
        Yazid al-Bistami, qu’Allah soit satisfait avec lui.[189]
      al-`Izz 
        b. `Abd al-Salam b. Ahmad b. `Anim al-Maqdissi (d.678)
      Nous 
        mentionons ce wa`iz (prêcheur) parce qu’il a été 
        souvent confondu avec Izz al-Din ibn Abd al-Salam al-Soulami, et ses brèves 
        œuvres sur le tassawwouf sont attribuées par erreur 
        à ce dernier. Dans cet ouvrage intitulé différentes 
        façons : Hall al-roumouz wa mafatih al-koumouz et Zabad 
        khoulasat al-tassawwouf, al-Maqdissi divise les niveaux du soulouk 
        ou voies spirituelles en trois voies qui correspendent à la définition 
        du Prophète au sujet de la Religion dans le hadith de Jibril:
      L’Islam 
        est le premier des niveaux de la Religion, caractérisant le commun 
        des croyants;
        L’Iman est le premier pas de l’échelle du 
        cœur, et il caractérise l’élite des croyants;
        L’Ihsan est le premier pas de l’échelle de 
        l’esprit, et il caractérise l’élite de ceux 
        qui sont rapprochés.[190]
       
        Ibn Taymiyya (d.728)
      Ses 
        admirateurs citent ce juriste et maître de hadiths de l’école 
        Hanbalite comme un ennemi des Soufis, et il est la principale autorité 
        dans la campagne des «Salafis», responsables du climat actuel 
        de fanatisme injustifié et l’encouragement à l’ignorance 
        au sujet du tassawwouf. Pourtant, Ibn Taymiyya était lui-même 
        un Soufi. Cependant, les «Salafis» sont très minutieux 
        à ne jamais présenter le Soufi Ibn Taymiyya, ce qui gênerait 
        sévèrement leur scénario il le présente comme 
        purement un anti-Soufi.
      Les 
        discours d’Ibn Taymiyya sur le tassawwouf sont criblés de 
        contradictions et d’ambiguités. On peut dire que quoiqu’il 
        nivella toutes sortes de jugements sur les Soufis, il fut incapable de 
        nier la grandeur du tassawwouf au sujet duquel la Communauté fut 
        longtemps unanime bien avant que lui-même n’apparaisse. En 
        conséquence, il affronta le tassawwouf, questionnant ces 
        Soufis contemporains, et réduisant la primauté des élites 
        des Musulmans à de la banalité, et au même moment 
        il se vante d’être un Soufi Qadiri dans une chaîne 
        directe de succession à Cheick `Abd al-Qadir al-Gilani, comme nous 
        le montrerons dans les lignes qui suivent.
      Il 
        doit être clair dans l’esprit des lecteurs que la raison pour 
        laquelle nous citons ces évidences n’est pas que nous considérons 
        Ibn Taymiyya comme une figure représentative du tassawwouf. A notre 
        point de vue, il ne représente ni le tassawwouf ni l’aqida 
        de Ahl al-Sunna. Cependant, nous citons ces points de vues seulement 
        pour démontrer que sa présentation erronée par les 
        Orientalistes et les «Salafis» comme un ennemi du tassawwouf 
        ne relève pas d’un examen minutieux. Sans tenir compte des 
        opinions d’un groupe ou de l’autre, les faits montrent des 
        évidences claires que Ibn Taymiyya n’avait pas d’autre 
        choix que d’accepter le tassawwouf et ses principes, et 
        que lui-même se réclama être un Soufi, et se para également 
        du manteau (khirqa) de cheick dans l’ordre Soufi Qadiri.
      Nous 
        avons déjà cité l’admiration d’Ibn Taymiyya 
        pour `Abd al-Qadir Gilani auquel il attribut le titre de mon «Cheick» 
        (cheickhouna) et de mon «maître» (sayyidi) 
        dans son entière Fatawa. Les inclinations d’Ibn Taymiyya 
        pour les Soufis et sa révérence pour `Abd al-Qadir al-Gilani 
        sont aussi témoignées à travers son commentaire de 
        cent pages sur Foutouh al-ghayb, couvrant seulement cinq des 
        soixante-dix-huit sermons du livre, mais montrant qu’il considéra 
        le tassawwouf comme essentiel dans la vie de la Communauté 
        Islamique.[191]
      Dans 
        son commentaire Ibn Taymiyya met l’accent sur le fait que la primauté 
        de la Chari`a est la tradition de base dans le tassawwouf, et 
        pour supporter ce point il donne une liste de plus d’une douzaine 
        des premiers maîtres, aussi bien que des cheicks contemporains de 
        son temps dont ceux de son école Hanbali, al-Ansari al-Harawi et 
        `Abd al-Qadir al-Gilani, et le cheick de ce dernier, Hammad al-Dabbas:
      Les 
        élites parmi les pratiquants de cette Voie -- comme la majorité 
        des premiers cheicks (chouyoukh al-salaf) dont Foudayl ibn `Iyad, 
        Ibrahim ibn Adham, Ma`rouf al-Karkhi, al-Sari al-Saqati, al-Jounayd ibn 
        Mouhammad, et autres de la première génération des 
        maîtres, aussi bien que Cheick `Abd al-Qadir, Cheick Hammad, Cheick 
        Abou al-Bayan et autres maîtres qui sont apparus plus tard – 
        n’ont pas permis aux pratiquants de la voie Soufie de se démarquer 
        des interdits et ordres de la législation divine, même si 
        cette personne a volé dans les airs ou a marché sur l’eau.[192]
      Quelque 
        part encore, dans son al-rissala al-safadiyya, Ibn Taymiyya défend 
        les Soufis comme ceux qui appartiennent à la voie de la Sunna et 
        la représentent dans leurs enseignements et écrits:
      Les 
        grands cheicks mentionnés par Abou `Abd al-Rahman al-Soulami dans 
        Tabaqat al-soufiyya, et Abou al-Qassim al-Qouchayri dans al-Rissala, 
        étaient adhérants de l’école d’Ahl 
        al-Sunna wa al-Jama`a et de l’école d’Ahl 
        al-hadith, comme al-Foudayl ibn `Iyad, al-Jounayd ibn Mouhammad, 
        Sahl ibn `Abd Allah al-Toustari, `Amr ibn`Outhman al-Makki, Abou `Abd 
        Allah Mouhammad ibn Khafi al-Chirazi, et autres; et leurs discours étaient 
        fondés sur la Sunna , et ils rédigèrent 
        des livres au sujet de la Sunna.[193]
      Dans 
        son traité sur la différence entre les formes permises de 
        la prière et celles innovées, intitulé Rissala 
        al-ibadat al-chariyya wal-farq baynaha wa bayn al-bidiyya, Ibn Taymiyya 
        déclare sans erreur que la voie licite est la voie de «ceux 
        qui suivent la voie Soufie» ou «la voie de l’auto-négation» 
        (zouhd) et ceux qui suivent «ce qui est appelé pauvreté 
        et tassawwouf», c’est-à-dire les fouqara 
        et les Soufis:
      Le 
        licite c’est ce par quoi on se rapproche d’Allah. C’est 
        la voie d’Allah. C’est la vertuosité, l’obéissance, 
        les bonnes actions, la charité et la justice. C’est le chemin 
        de ceux qui sont sur la voie Soufie (al-salikin), et la méthode 
        de ceux qui ont l’intention d’atteindre Allah et de L’adorer; 
        c’est celle qu’entreprend quiconque désire Allah et 
        suit la voie de l’auto-négation (zouhd) et les pratiques 
        religieuses, et ce qui est appelé pauvreté, tassawwouf etc…[194]
      En 
        ce qui concerne l’enseignement d’`Abd al-Qadir sur le fait 
        que le salik ou l’aspirant Soufi doit s’abstenir 
        des désirs permis, Ibn Taymiyya commence par déterminer 
        que l’intention d’`Abd al-Qadir est que ce dernier renonce 
        à ces choses permises qui ne lui sont pas imposées par la 
        loi parce qu’il peut y avoir un danger pour lui. Mais jusqu’à 
        quel point? Si l’Islam est essentiellement apprendre et appliquer 
        les commendements Divins, il doit y avoir un moyen pour celui qui s’efforce 
        sur la voie de déterminer la volonté d’Allah dans 
        chaque situation particulère. Ibn Taymiyya reconnaît que 
        le Coran et la Sunna ne peuvent pas couvrir explicitement tout 
        événement spécifique dans la vie de tout croyant. 
        Encore, si le but de la soumission à la volonté et au désir 
        d’Allah doit être accompli par ceux qui veulent L’atteindre, 
        il doit y avoir une voie pour celui qui y lutte de s’assurer du 
        commandement Divin dans toute sa particularité.
      La 
        réponse d’Ibn Taymiyya est d’appliquer le concept légal 
        d’ijtihad à la voie spirituelle, spécifiquement 
        à la notion d’ilham ou inspiration. Dans ses efforts 
        d’unir sa volonté avec celle d’Allah, le vrai Soufi 
        atteind un état où il ne désire rien d’autre 
        que de découvrir la plus belle œuvre, l’action la plus 
        plaisante et la plus aimée d’Allah. Lorsque les données 
        légales extérieures ne peuvent plus le diriger dans ces 
        matières, il peut compter sur les notions d’inspiration (ilham) 
        et de perception intuitive (dhawq) du Soufi:
      Si 
        le disciple a créativement employé ses efforts aux indications 
        externes de la Char`ia 
        
        
        © 
        Encyclopédie de la doctrine islamique, Cheikh Mouhammad Hisham Kabbani
      Suite et fin des dires des imams
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