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        I INTRODUCTION 
       
        DEFINITION, TERMINILOGIE ET ASPECTS HISTORIQUES 
      
      I 
        INTRODUCTION 
         
         
        Aujourd’hui, l’Islam est enseigné par des gens qui 
        ne prennent pas soin de le pratiquer dans sa pureté ou de se purifier 
        eux-mêmes dans leur pratique. Ceci, a été décrit 
        dans plusieurs hadiths qui disent: «Ils ordonneront aux autres et 
        ne feront pas attention à leur propre avertissement, et ils sont 
        les pires.» [1] 
         
        Telle ne fut pas la voie des Compagnons ni de Ahl al-Souffa au 
        sujet desquels le verset suivant fut révélé: 
         
        "Résigne-toi à la compagnie de ceux qui évoquent 
        leur Seigneur au début du jour et à sa fin dans l’espoir 
        de voir un jour Son visage. Et, ne laisse pas tes yeux se détourner 
        d’eux, désirant le luxe de ce bas-monde; et n’obéis 
        pas à celui dont nous avons rendu le cœur inattentif à 
        Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier." 
        (18:28) 
         
        Ceci ne fut pas non plus la voie d’Abou Bakr al-Siddiq, au sujet 
        duquel Bakr ibn `Abd Allah dit: «Abou Bakr a la préséance 
        sur vous non pas parce qu’il prie et jeûne beaucoup, mais 
        à cause d’un secret qui a pris racine dans son cœur.» 
        [2] Ceci ne fut non plus la voie des Tabi`in dont 
        Hassan al-Basri, Soufyan al-Thawri, et autres de la génération 
        de soufis qui vinrent plus tard, les prirent pour modèles. Al Qoushayri 
        rapporte que al-Jounayd dit: « Le tassawwouf n’est 
        pas l’abondance de prières et de jeûnes, mais le vide 
        de la poitrine et ne pas être sous l’emprise de son ego.» 
        [3] Ceci ne fut pas non plus la voie des Quatre Imams 
        qui placèrent la renonciation (zouhd) et l’acquisition 
        de la vraie peur d’Allah (wara) au-dessus de la simple 
        pratique des obligations, tel l’Imam Ahmad qui composa deux livres 
        avec ces deux qualités comme titres respectifs. Celui-ci plaça 
        la connaissance des saints au-dessus de celle des savants, comme cela 
        est montré par le rapport suivant de son élève Abou 
        Bakr al-Marwazi: 
         
        J’entendis Fath ibn Abi al-Fath dire à Abou `Abd Allah (l’Imam 
        Ahmad) durant sa dernière maladie: « invoque Allah pour nous 
        afin qu’Il nous donne un bon khalifa (successeur) pour 
        te succéder.» Il continua: « Qui devrons-nous consulter 
        en matière de connaissance après toi ?» Ahmad répondit: 
        « Consultez `Abd al-Wahhab.» Quelqu’un qui était 
        présent me relata qu’il dit: «Mais, il n’a pas 
        assez de connaissance» -- Abou `Abd Allah répliqua: « 
        C’est un saint (innahou rajouloun salih ), et ainsi il 
        lui est accordé du succès en exprimant la vérité.» 
        [4]  
         
        Dans une célèbre fatwa citée dans les lignes 
        qui vont suivre, le savant Chafi`i al-`Izz ibn `Abd al-Salam donne la 
        même priorité au mystique ou connaisseur d’Allah (arifin) 
        au-dessus des juristes. Le même accent est placé sur la perfection 
        interne par l’Imam Malik dans son dire: «La Religion ne consiste 
        pas en la connaissance de plusieurs narrations, mais en la lumière 
        qu’Allah place dans la poitrine.» Et Ibn `ata' Allah cita 
        Ibn `Arabi disant: «La Certitude (al-yaqin) ne dérive 
        pas des évidences de la raison mais sort des profondeurs du cœur.» 
         
        Ceci est la raison pour laquelle plusieurs Imans mettèrent en garde 
        contre la pure et simple soif du savoir aux dépends de l’éducation 
        du «moi». L’Imam Ghazali abandonna les arènes 
        du savoir au milieu d’une prestigieuse carrière, en vue de 
        se consacrer à la purification du moi. C’est à l’issue 
        de cette période qu’il rédigea son chef d’œuvre 
        Ihya' `Ouloum al-din dans lequel il lance un avertissement à 
        tous ceux qui réduisent la religion en l’étude pure 
        et simple du fiqh ou jurisprudence. 
         
        Le même avertissement fut lancé par les plus grands des houffaz 
        ou maîtres de hadiths de son temps et par l’un des premiers 
        soufis, Soufyan al-Thawri (d. 161), à tous ceux qui prennent la 
        narration de hadiths pour la religion, lorsqu’il dit: «Si 
        le hadith était un bien il aurait disparu de même que toutes 
        les bonnes choses ont disparu… Poursuivre l’étude du 
        hadith ne fait pas partie de la préparation à la mort, mais 
        c’est une maladie qui préoccupe les gens.» 
         
        Dhahabi cite cette parole et commente: 
         
        Par Allah, il a dit la vérité…Aujourd’hui, la 
        recherche du savoir et du hadith ne signifie plus pour les savants 
        l’obligation de s’y conformer, ce qui est le but du hadith. 
        Il a raison lorsqu’il dit que poursuivre l’étude du 
        hadith est autre que le hadith lui-même. [5] 
         
        Ce n’est pas pour le «hadith en soi», mais dans le but 
        de vivre en conformité avec la Sunna du Prophète   
        qui est synonyme de vivre en conformité avec le saint Coran – 
        selon le hadith bien connu de `Aïcha concernant le caractère 
        du Prophète – que les grands maîtres de la purification 
        du moi renoncèrent à la simple poursuite de la science en 
        tant que séduction mondaine, et préférèrent 
        l’acquisition de l’ishan ou le caractère parfait. 
        Un exemple est Abou Nasr Bishr al-Hafi (d.227), qui considéra l’étude 
        du hadith comme une science conjecturelle en comparaison à 
        la certitude qu’il acquit par la fréquentation de Foudayl 
        ibn `Iyad (d.187). [6] Ainsi, les deux, l’ihsan 
        et le processus qui y conduit sont connus sous le nom de tassawwouf, 
        comme les pages suivantes le démontrent. 
          
      I) 
        DEFINITION, TERMINILOGIE ET ASPECTS HISTORIQUES 
      Le 
        Tassawwouf Parmi Les Salaf 
      Comme 
        il est défini clairement dans le hadith rapporté par Sayyidina 
        `Oumar au sujet de la rencontre de l’ange Gabriel avec le Prophète 
          [7], 
        appartenir à Ahl al-Sunna wa Jama`a ne se limite pas seulement 
        aux règles de la foi. Cela entraîne l’adoption de principes 
        qui conduisent à l’état d’ihsan ou 
        la perfection de la croyance et de la pratique. Partant de là, 
        le Groupe Sauvé suit l’une des nombreuses écoles de 
        soulouk (éthique personnelle) en conformité avec 
        les principes de la Chari`a et le `aza'im (les strictes applications) 
        de la Sunna, ou les modes de conduite reflètent la complète 
        détermination de plaire à son Créateur selon le modèle 
        du Prophète  . Ces 
        écoles sont collectivement connues comme la science du tassawwouf 
        ou la purification du soi.  
      Au 
        cours du premier siècle de l’Hégire, la renonciation 
        à ce bas-monde (zouhd) se développa comme une réaction 
        à la vie mondaine de la société. Cette réaction 
        prit ses racines dans l’ordre d’Allah à Son Vertueux 
        Apôtre de purifier l’humanité: «Un Messager 
        … pour leur réciter Tes versets, leur enseigner le Livre 
        et la Sagesse, et les purifier» (2:129); «Nous 
        avons envoyé parmi vous un Messager de chez-vous qui vous récite 
        Nos versets, vous purifie, vous enseigne le Livre et la Sagesse » 
        (2:151); «Allah a certainement fait une faveur aux croyants 
        lorsqu’Il a envoyé chez eux un Messager qui venait d`eux, 
        qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre 
        et la Sagesse» (3:164); «Purifie-les, bénis-les, 
        et prie pour eux. Certainement ta prière est une quiétude 
        pour eux.» (9:103); «C’est Lui qui 
        a envoyé… un Messager sorti d’eux qui leur récite 
        Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse» 
        (62:2). 
      Les 
        adeptes de cette voie s’attachèrent fermement au mode de 
        vie Prophétique comme cela fut réflété dans 
        la vie de ses compagnons et de leurs successeurs, dans les voies qu’ils 
        employèrent pour purifier leur cœurs et leur caractère 
        des mœurs blâmables et de s’inculquer, ainsi qu’à 
        ceux qui furent autour d’eux, les mœurs et la stature morale 
        de la meilleure créature de toute l’humanité, le Prophète 
        Mouhammad, la paix et la bénédiction de Dieu sur lui. Les 
        exemples de ces hommes-école de purification sont ceux cités 
        par Abou Nou`aym et d’autres comme «Les Huit Ascétiques»: 
        Amir ibn `Abd Qays, Abou Mouslim al-Khawlani, Ouways al-Qarani, al-Rabi’ 
        Ibn Khouthaym, al-Aswad ibn Yazid, Masrouq, Soufyan al-Thawri, Hassan 
        al-Basri, parmi tant d’autres. 
      Le 
        pouvoir de tels saints et leurs bénéfices furent attestés 
        par le Prophète  lui-même, 
        comme cela est attesté par les nombreux hadiths rapportés 
        au sujet d’Ouways al-Qarani. L’Imam Ahmad en cite dans son 
        livre al-Zouhd. Dans le récit suivant, le Prophète 
          ordonne aux gens, de solliciter 
        auprès d’Ouways s’ils le rencontrent, le pardon (d’Allah), 
        et déclare que l’intercession d’Ouways fera entrer 
        un nombre important de gens au Paradis: 
      Le 
        Prophète   dit: «Ouways 
        ibn `Amir poindra sur vous avec l’assistance des gens du Yémen 
        de la tribu de Mourad et Qaran. Il était lépreux et fut 
        guéri, sauf une toute petite partie de son corps. Il a une mère 
        dont il respecte scrupuleusement les droits. S’il fait un vœu 
        à Allah, Allah l’accomplira. Si vous pouvez lui demander 
        intercession pour votre pardon, faite-le. 
      Plusieurs 
        personnes entreront au Paradis, à cause de l’intercession 
        d’un certain homme de ma communauté, qu’il y a de personnes 
        dans les tribus de Rabi' et Moudar, Al-Hassan al-Basri dit: «C'est 
        Ouways al-Qarani.»[8]  
      A 
        travers une graduelle évolution et comme une réaction contre 
        l’emprise grandissante de l’appétit de la vie d’ici-bas, 
        les Musulmans se ruèrent vers ces saints et leurs disciples jusqu’à 
        ce que leur régiment s’acheva en école de pensée 
        pratique et d’action morale dotée de sa prope structure de 
        règles et de principes. Ceci devint la base utilisée par 
        les maîtres Soufis pour guider les gens sur le droit chemin. En 
        conséquence, le monde fut témoin du développement 
        d’une variété d’écoles de purification 
        de l’égo (tazkiyat an-nafs). La pensée Soufie, 
        comme elle se répandit partout, servit de force dynamique dans 
        la croissance et l’établissement de l’éducation 
        Islamique. Cette spectaculaire avancée s’étendit à 
        partir du premier siècle de l’Hégire, en parallèle 
        avec les développements suivants: 
      
        - Le 
          développement des bases du fiqh (Loi et Jurisprudence), 
          à travers les Quatre Imams;
 
        -  
          Le développement des bases de l’aqida (doctrine) 
          à travers al-Ach`ari et autres;
 
        -  
          Le développement de la science du hadith (Les dires 
          du Prophète), qui déboucha en six authentiques collections 
          et d’innombrables autres;
 
        -  
          Le développement des arts de nahw et balagha (La Langue 
          et l’Ecriture Arabe).
 
       
      TARIQA 
       
        Tariqa ou «chemin» est un terme dérivé du verset 
        Coranique suivant: 
      «Et 
        s’ils se maintiennent dans la bonne voie (tariqa), Nous les aurions 
        abreuvés, certes d’une eau limpide (ou abondante)» 
        (72:16 ). 
      Le 
        sens de «voie» mentionné dans le verset ci-dessus est 
        expliqué par le hadith du Prophète   
        relaté par Boukhari et Mouslim, ordonnant aux musulmans de suivre 
        sa Sunna et la Sunna de ses successeurs. Comme le mot tariqa 
        dans le verset ci-haut mentionné, le sens de Sunna dans 
        le hadith est «chemin» et «voie». Ainsi, 
        tariqa devint un terme appliqué aux groupes de gens appartenant 
        à l’école de pensée exercée par un maître 
        ou “cheick”. 
      Quoique 
        ces cheicks appliquèrent différentes méthodes dans 
        l’enseignement à leurs disciples, le noyau de chaque discipline 
        était identique. La situation n’était pas différente 
        de ce que nous avons aujourd’hui dans les facultés de médecine 
        ou de droit. L’approche des différentes facultés peut 
        varier, mais le corps en droit, l’état d’art en médecine, 
        reste essentiellement le même en tout lieu. Les étudiants 
        diplômés de ces facultés portent chacun la marque 
        de leur branche. Néanmoins, aucun n’est considéré 
        inférieur à l’autre parce qu’il est le produit 
        d’une faculté ou d’une autre; l’avocat n’est 
        pas considéré supérieur au docteur ni le docteur 
        à l’avocat. 
      Similairement, 
        le disciple d’un cheick portera le cachet de son enseignement. En 
        conséquence, les noms donnés aux différentes écoles 
        Soufies diffèrent selon le nom et les perspectives de leurs fondateurs. 
        Cette variation se manisfeste d’une façon plus concrète 
        dans la méthode de dévotions surérrogatoires connue 
        sous l’appellation de awrad, ahzab ou adhkar, utilisée 
        comme la méthodologie pratique de la formation spirituelle. Ces 
        différences cependant n’affectent pas les principes religieux. 
        Dans les principes de base, les écoles Soufies sont essentiellement 
        les mêmes, puisque basées sur l’essence de la religion, 
        qui est uniforme.  
      Le 
        groupe Soufi sous lequel chaque individu entreprit le chemin vers Allah 
        était un itinéraire finement aiguisé qui établit 
        les disciplines du progrès externe et interne dans la foi et la 
        pratique religieuse. Suivant la pratique des Compagnons du Prophète 
        qui fréquentaient régulièrement le groupe nommé 
        Ahl al-Soufa («Les Gens du Banc»), les pratiquants 
        de ce groupe menèrent une vie communautaire . Leurs habitations 
        étaient les mosquées-écoles (zawiya), les 
        forts frontaliers (ribat), et des maison-hôtes (khaniqa) 
        où ils se réunissaient régulièrement lors 
        d’occasions dédiées aux fêtes traditionnelles 
        du calendrier musulman (‘id). 
      Ces 
        structures avaient des institutions éducationelles ; par exemple 
        les deux forts frontaliers (ribat) fondés par le savant 
        Soufi `Abd Allah Ibn al-Moubarak en Merv, qui fonctionna pendant longtemps, 
        et le Khaniqa baybarsiya du Caire. Cette école Soufie 
        eu le grand savant de hadiths, Ibn Hajar al-Asqalani comme recteur et 
        maître de conférence pendant les quarante dernières 
        années de sa vie. Il assuma en même temps la fonction de 
        juge principal en Syrie et en l’Egypte. 
      Les 
        Soufis se réunissèrent également en associations 
        informelles appelées souhba autour du cheick pour acquérir 
        la connaissance, et en assemblée pour invoquer les noms d’Allah 
        et réciter les adhkar (pluriel de dhikr, «le 
        souvenir de Dieu») hérité de la Tradition Prophétique. 
        Encore, une autre raison de leur regroupement était d’écouter 
        les prêches inspirées et les exortations morales (wi’az). 
        Les cheicks Soufis enseignèrent à leurs disciples à 
        répondre activement à l’appel d’Allah et de 
        Son Messager, de purifier leur cœur et leur âme de tous bas 
        désirs incités par l’égo, de corriger toutes 
        les croyances éronnées et de parfaire leur croyance en l’unicité 
        d’Allah. On enseignait aux disciples à être honnête, 
        loyal, digne de foi, patient dans la crainte d’Allah, à aimer 
        son prochain, à dépendre que d’Allah et de s’en 
        remettre à Lui tout au long de leur vie, et les autres moralités 
        enseignées par l’Islam. Tout ceci fut accompli en s’attachant 
        à la Sunna Prophétique. Les méthodes de souvenir 
        d’Allah qu’ils inculquaient à leurs disciples furent 
        les mêmes méthodes enseignées par le Prophète. 
        De cette manière, ils propagèrent le caractère exemplaire 
        du Prophète   en paroles 
        et en actions, pendant qu’ils encouragèrent les croyants 
        à se consacrer à Allah de tout cœur. Le but de leur 
        effort ne fut rien d’autre que d’obtenir la satisfaction d’Allah 
        et de leur inspirer l’amour pour Son Prophète  . 
        En d’autres termes, ce qu’ils visaient était un état 
        où Allah serait content d’eux comme ils l’étaient 
        avec Lui.  
      Ces 
        cheicks, par conséquent, furent des flambeaux qui dissipèrent 
        les ténèbres de la voie du croyant aussi bien qu’ils 
        illuminèrent les voies sur lesquelles la Umma pourrait bâtir 
        la fondation d’une société idéale. Cet idéal 
        était l’esprit de sacrifice et de dévouement qui caractérisait 
        tous leurs efforts. Ces valeurs, imprégnaient l’entière 
        fabrique sociale de l’Islam. Les couvents ou maisons-hôte 
        (khaniqa), étaient établis dans le voisinage des 
        pauvres offrant gratuitement de la nourriture et l’hospitalité. 
        Ce fut aussi un lieu et un moyen de communion entre le pauvre et le riche, 
        entre le blanc et le noir, entre l’arabe et non-arabe conformément 
        aux dires du Prophète : 
        “Il n’y a pas de différence entre un arabe et un non-arabe 
        sauf dans les vertus.” Ces couvents furent des lieux de rencontres 
        de toutes les races et de toutes les nationalités et des remèdes 
        pour plusieurs maux sociaux.  
      En 
        conséquence à de tels enseignements et formations, les disciples 
        des cheicks Soufis, sortis de ces écoles, étaient pleinement 
        capables de supporter les fardeaux et les torts de leurs contemporains 
        dans leur effort à illuminer le chemin de la Vérité. 
        En outre, à travers leur formation et auto-discipline, ils avaient 
        développé le manifeste et la très ferme volonté 
        de faire. Ces véritables et sincères savants et maîtres 
        de tariqa ne laissèrent aucune pierre sans être tournée 
        dans la conduite de leur jihad, un mot qui signifie à 
        la fois la lutte physique contre les non-croyants et la lutte spirituelle 
        contre les attraits invisibles qui piègent l’âme. 
      La 
        mauvaise compréhension des Temps Modernes 
       
        Il est bien connu de tous, qu’en notre temps les gens ont une mauvaise 
        compréhension du tassawwouf. Certains affirment que c’est 
        une science opposée à l’Islam qui n’est pas 
        mentionnée dans la Chari`a, le Coran ou la Sunna. D’autres, 
        les adhérents aux écoles de pensée des quatre Imams 
        et les Imams qui les suivirent plus tard mentionnons Nawawi, Ibn Hajar, 
        al-Soubki, al-Souyouti, Ibn Hajar al-Haytami, et plusieurs autres, même 
        Ibn Taymiyya et Ibn Qayyim, quoique ces deux derniers furent opposés 
        à la doctrine de Ahl al-Sunna à plusieurs égards, 
        l’acceptèrent et surent que le tassawwouf a ses 
        racines profondes dans le Coran, dans la Sunna et dans la Char’ia. 
        Ces savants acceptèrent le tassawwouf parce qu’ils 
        connaissaient la réalité et le sens de ce terme, et non 
        pas à cause de la réputation ou l’âge du terme 
        en lui-même. 
      Il 
        n’est pas rare d’entendre de ceux qui s’opposent au 
        tassawwouf qu’ils rejètent tout ce qui ne figure 
        pas dans le Coran et dans la Sunna. Avancer une telle affirmation est 
        faire preuve de manque d’esprit critique. Prenons par exemple les 
        Sciences Islamiques, notamment la science du hadith. Le sens du mot «Hadith» 
        dans le dictionnaire est défini comme «opposé à 
        l’ancien (qadim), nouvelle (jadid) ou alternativement, 
        quelque chose de parlé.» Le sens commun qui lui est attribué 
        est «la Tradition du Prophète» ou «la science 
        des Traditions du Prophète.» Lorsque le mot «hadith» 
        est mentionné, les savants savent qu’il sagit de «nouvelles.» 
        Mais le sens attribué à ce mot après la période 
        du Prophète est tout ce que le Prophète a dit et fait. Cependant, 
        de son vivant, le mot «hadith» était rarement 
        utilisé comme il l’est aujourd’hui. Il prit ce sens 
        seulement lorsqu’il devint un terme technique pour décrire 
        les dires, les actions, du temps du Prophète  . 
      Dans 
        Boukhari et Mouslim, le Prophète   
        dit: «Le meilleur siècle est mon siècle et celui qui 
        le suit» et dans un autre hadith il dit: «le premier siècle 
        et le second et le troisième.» Après les compagnons 
        furent les Tabi`in et les Tabi Tabi`in. Tous les savants 
        de l’Islam affirment que la période des Tabi`in 
        fut la fin de l’an 150 de l’hégire et l’an 220 
        de l’hégire fut la fin du siècle des Tabi Tabi`in. 
        C’est deux périodes furent témoins de l’apparution 
        successive de l’Imam Abou Hanifa, l’Imam Malik, l’Imam 
        Shafi`i, l’Imam Hanbal, fondateurs des quatre écoles juridiques, 
        et de celle de l’Imam Boukhari, l’Imam Mouslim, l’Imam 
        Abou Dawoud, l’Imam Abou Issa Tirmidhi, l’Imam An-Nissa`i 
        et de l’Imam Ibn Majah, auteurs des six livres cannoniques de hadiths. 
      Ces 
        savants dévelopèrent une vaste science à un moment 
        où plusieurs non-arabes embrassèrent l’Islam et mémorisèrent 
        les hadiths; Ils trouvèrent nécessaire d’établir 
        Ilm oul-Hadith ou la science du hadith, science qui 
        n’existait pas au temps du Prophète (saw), en vue de préserver 
        les dires, les pratiques, les anecdotes du Messager de Dieu et de ses 
        compagnons. Cette science dès lors devint partie intégrante 
        à l’Islam. Du temps du Messager  , 
        la propagation et la vérification du hadith étaient 
        naturelles mais elles n’étaient pas formalisées. Cependant 
        après cette période, les savants ci-dessus cités 
        développèrent des lois et des méthodes de classification, 
        d’enregistrement, de transmission et de formalisation des hadiths 
        et y ajoutèrent des structures formelles et une méthodologie 
        de vérification au mécanisme naturel de transmission qui 
        incorpore toujours le sanad, chaîne vérifiable d’une 
        information au sujet des dires du Prophète   
        ou de ses compagnons. Ceci amena 35 classifications. De même, les 
        savants développèrent plusieurs sciences [9] 
        (`ouloum) mentionnons, la science de la grammaire, la science 
        de l’explication et de l’éloquence du Coran, la science 
        de l’Unicité de Dieu, la science de la croyance, la science 
        du Coran, la science de la jurisprudence, la science des traditions du 
        Prophète  , la science 
        de la vie du Prophète  , 
        la science de l’analyse linguistique, la science de la clarification, 
        la science de l’exégèse du Coran, la science de la 
        récitation harmonieuse, la science de la récitation fluide, 
        la science de la purification du Soi connue aussi comme la science de 
        la perfection du caractère , la science de l’héritage, 
        etc… et plusieurs autres sciences dérivant toutes du Saint 
        Coran et des Hadiths du Messager de Dieu  . 
        Aucune de ces disciplines ni leur terminologie n’existaient du temps 
        du Prophète  . Pourtant 
        leurs réalités existaient, puisque les Sahaba les 
        pratiquèrent mieux que tous ceux qui leur succédèrent. 
      Une 
        question logique surgit à ce point: Où dans le Coran et 
        dans la Sunna figurent littéralement ces termes? Ce qui suit logiquement 
        est: D’où vint la permission de développer ces classifications 
        et terminologies dans la mesure où elles n’existaient pas 
        du temps du Prophète  ? 
        Par conséquent, s’opposer à la science du Tassawwouf 
        ou la rejeter d’un trait parce qu’elle ne figure ni dans 
        le Coran ni dans la Sunna contredit l’entendement d’une personne 
        dotée d’intelligence.  
      Le 
        terme tassawwouf n’était pas connu au temps du Prophète 
         . Cependant, quoique le 
        terme apparait nouveau, son essence est une partie et une parcelle de 
        la religion et ne peut pas y être dissociée. 
      Une 
        autre raison de la mauvaise compréhension de la réalité 
        du tassawwouf est que certaines personnes confondent le vrai 
        tassawwouf avec le pseudo-tassawwouf, ce dernier nie 
        la nécessité de la char’ia et crée 
        ses propres règles, prétendant avoir une certaine autorité 
        historique , mais plutôt amorphe et qui n’a de racine dans 
        aucun précédent. Ils ne sont ni soufi ni moutassawwif 
        mais moustaswif ou «pseudo-soufi» ainsi sont-ils 
        défini par le grand maître `Ali al-Houwjiri (d.469?) dans 
        son Kashf al-mahjoub[10]. Les ennemis du tassawwouf 
        brouillent souvent l’information donnée sur les Soufis et 
        les moustaswifa dans leurs références au tassawwouf 
        en vue de se débarrasser à la fois des deux. 
      Un 
        exemple est le cas de l’aversion poussée de la secte Mou`tazila 
        pour les soufis à un niveau tel qu’ils refusèrent 
        de reconnaître les karamat ou miracles des saints, ils 
        ne les considèrent pas comme un signe de vérité. 
        De nos jours, nous trouvons encore des gens similaires à ces Mou`tazila, 
        qui veulent formuler leur propre définition de l’Islam, avec 
        ce qui y convient et ce qui n’y convient pas, en faisant un mélange 
        de vrai et de faux afin qu’ils puissent se débarrasser de 
        l’essence des enseignements de l’Islam qui exposent le caractère 
        incomplet et les erreurs de ce qu’ils ont hérité. 
      L’objectif 
        du tassawwouf est de purifier le cœur de toute sorte de 
        mauvais désirs et penchants, des impuretés qui s’y 
        accumulent à cause des péchés et des mauvaises actions 
        internes comme externes, purifier le «soi» afin d’orner 
        et de décorer le cœur avec le bon modèle et la bonne 
        manière qu’exigent le Coran et la Sunna du Prophète 
         . Son but est de créer 
        l’état d’ishan, la perfection du caractère, 
        qui fut celui du Prophète   
        et l’état que tous ses Compagnons qui s’efforcèrent 
        d’atteindre cette perfection. 
      La 
        Nécessité du développement des Sciences Islamiques 
        après le Temps du Prophète   
       
        Pour prendre un exemple, au temps du Prophète  , 
        il n’y avait pas la nécessité d’enseigner ‘ilm 
        al-nahou (la science de la grammaire) même à un enfant. 
        Dans le berceau de l’Islam, ayant grandit dans le Hijaz, même 
        un enfant pouvait lire un poème ou un texte arabe sans avoir recours 
        à aucun signe diacritique (tashkil). Cette connaissance 
        leur était acquise naturellement au fur et mesure qu’ils 
        grandissaient. Plus tard, lorsque plusieurs non-arabes commencèrent 
        à embrasser l’Islam, et que le Coran se lisait incorrectement, 
        il devint nécessaire de créer de nouvelles disciplines en 
        vue d’assister les nouveaux Musulmans dans la lecture du Coran. 
        Ainsi la grammaire fut développée et les signes diacritiques 
        furent établis. 
      L’état 
        de perfection (ihsan), l’état d’austérité 
        (zouhd), l’état de la peur d’Allah (wara’) 
        et l’état de la méfiance de Dieu (taqwa) 
        furent naturellement pratiqués par les Compagnons parce qu’ils 
        étaient en compagnie du Prophète   
        et ces états furent un résultat direct de ce compagnonage. 
        Ce fut la raison pour laquelle ils furent appelés Compagnons, c’est 
        cette association avec le Prophète   
        qui leur permit d’être purifié. 
      Après 
        les compagnons, plusieurs gens n’eurent pas l’opportunité 
        de rencontrer le Prophète   
        ni ses Compagnons mais acceptèrent l’Islam, et parce que 
        plusieurs nouveaux Musulmans, à cette époque, dévièrent 
        du vrai chemin de l’Islam, il devint nécessaire d’établir 
        une école avec une fondation, juste comme `ilm al-nahou 
        fut établi avec ses écoles. Il fut nécessaire de 
        mettre en place des écoles à travers lesquelles furent développées 
        les disciplines spirituelles visant les états cités ci-dessus, 
        et elles furent combinées sous une science principale appelée 
        `ilm al-tassawwouf.  
      Nous 
        devons savoir que le tassawwouf n’est pas une chose nouvelle 
        en Islam ni quelque chose d’inventée. Au contraire, c’est 
        une science héritée du Prophète (saw) et des Compagnons 
        et ses racines sont dans l’Islam. Elle n’est pas ce que les 
        ennemis de l’Islam--Les Orientalistes et leurs disciples--ont relaté. 
        Ils ont innové et attribué plusieurs noms au tassawwouf 
        afin d’attaquer la science et l’état d’ihsan 
        que le Prophète   
        mentionna dans son Saint Hadith. Ils tentèrent d’appliquer 
        le terme «superstition» (sha‘waza) à 
        la science de tassawwouf. Il est bien su de tous que tout terme 
        peut être employé pour nommer une science et l’on est 
        libre de définir ou d’utiliser tout terme que l’on 
        désire. De même `ilm al-ihsan ne change pas en lui attribuant 
        un nom différent. Il est profondément espéré 
        que personne ne soit empêchée d’apprendre cette importante 
        science citée dans le Coran et le hadith, à cause du préjudice 
        causé au tassawwouf. Si le terme est problématique 
        à quiconque, qu’il lui attribue un nom différent, 
        mais qu’il apprenne cette science par tout autre nom qui lui conviendra.. 
        Le terme tassawwouf qui est utilisé pour se référer 
        aux voies de la purification du cœur, dénote la même 
        chose que tazkiyat al-nafs dans le Coran. Les deux termes ont 
        la même définition comme étant les sciences de «l’austérité» 
        (zouhd) et celle de la perfection du caractère (ihsan). 
        Les termes zouhd et ihsan furent utilisés au temps du Prophète 
         . Plus tard, ces termes 
        furent définis en détails et redéfinis sous la direction 
        du Coran et du hadith, comme furent les autres sciences Islamiques déjà 
        citées. 
      Les 
        racines linguistiques du mot Tassawwouf 
       
        Il y a quatre racines données au mot tassawwouf. La première 
        dérive du mot Arabe safa ou safw qui signifie 
        pureté comme du cristal et limpide comme de l’eau. Le Prophète 
          compara le monde à 
        une petite eau de pluie sur un plateau de montagne dont la limpidité 
        (safw) avait déjà été bue et dont 
        la lie (kadar) seulement restait[11]; et il 
        appela la Syrie la plus pure des terres d’Allah[12] 
        après la Mecque et Madina. Ibn al-Athir défini le mot dans 
        son dictionaire al-Nihaya comme «le meilleur de tout sujet, 
        sa quintessence, et sa partie la plus pure.»[13] 
      Une 
        autre racine dérive de Ahl al-Soufa, (les gens du Banc), 
        qui furent ceux qui vivaient dans la mosquée du Prophète 
          de son vivant et qui furent 
        mentionnés dans le Coran au verset suivant: 
      «(O 
        Mouhammad,) Résigne-toi à la compagnie de ceux qui invoquent 
        leur Seigneur matin et soir désirant Sa Face; et ne laisse pas 
        tes yeux se détourner d’eux, voulant le luxe de ce bas-monde; 
        et n’obéis pas à celui dont nous avons rendu le cœur 
        inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement 
        est outrancier.» (.18:.28)  
      Ce 
        verset insiste sur la nécessité des croyants à se 
        maintenir dans un état permanent de dhikr, le Souvenir 
        d’Allah avec la bouche (la langue), dans l’esprit, et à 
        travers le cœur. Cette racine est parfois comparée à 
        ahl al-Saff, ou «les Gens du Rang», dans le sens 
        de «premier rang», comme le premier rang est béni et 
        les soufis sont l'élite de la communauté. 
      La 
        troisième de ces racines est al-souf ou laine, comme ce 
        fut la coutume des gens pieux de Koufa de s’en revêtir. La 
        quatrième racine linguistique dérive de souffat al-kaffa 
        ou éponge molle en référence au soufi dont le 
        cœur est très mou à cause de sa pureté. Ceci 
        est la raison pour laquelle le Prophète   
        montra toujours sa préoccupation pour ses Compagnons, en vue de 
        purifier leurs cœurs et de leur montrer que le progrès du 
        «soi» est basé sur un cœur débarrassé 
        de toutes les imperfections internes et externes. 
      Le 
        Prophète (saw) mentionne la condition du Cœur: la suprématie 
        du Cœur sur tousles autres organes  
       
        Le cœur est le siège de la sincérité en une 
        personne sans lequel aucune de ses actions ne sont acceptées. Le 
        Prophète   dit dans 
        Boukhari: «Sûrement il y a dans le corps un petit morceau 
        de chair; s’il est en bon état le corps entier est en bon 
        état, et s’il est corrompu le corps entier est corrompu et 
        c’est le cœur»; et il dit dans deux autres hadiths rapportés 
        par Mouslim: «Sûrement Allah ne regarde pas vos corps ni vos 
        faces, mais Il régarde vos cœurs» et «N’entrera 
        au paradis quiconque a même un atome d’orgueil en son cœur.» 
        Plusieurs autres hadiths citent explicitement la primauté du cœur: 
      · 
        Abou Hourayra rapporte: «Je dis: O Messager d’Allah! Qui sera 
        le premier à bénéficier de ton intercession au jour 
        de la résurrection?» Le Messager d’Allah dit: «O 
        Abou Hourayra! Je savais que personne ne pouvait me demander cette question 
        avant toi à cause de ton grand désir pour la connaissance 
        de hadiths. Le premier à bénéficier de mon intercession 
        au jour de la résurrection est celui qui dit «Il n’y 
        a de Dieu qu’Allah» purement et sincèrement de son 
        cœur (qalb) ou de son âme (nafs).»[14] 
        Ibn Hajar dit dans son commentaire sur Boukhari: 
      Le 
        Prophète   mentionna 
        le cœur pour insister, comme Allah dit à propos du pécheur: 
        «Certes, il a un cœur pécheur» 
        (2:283)… «Le Premier» fait allusion à leur différent 
        ordre d’entrée au paradis comme distinct dans leur rang de 
        sincérité, cette dernière qualité étant 
        mise en valeur par son dire «de son cœur» quoiqu’il 
        soit clair que le siège de la sincérité est le cœur. 
        Cependant, l’attribution de l’action à cet organe est 
        plus accentuée.[15]  
      · 
        L’un des Compagnons nommé Wabissa rapporte que les gens avaient 
        l’habitude de demander au Prophète   
        des questions au sujet des bonnes choses, mais lui se résolut de 
        lui demander qu’au sujet de mauvaises choses. Lorsqu’il vint 
        au Messager de Dieu, celui-ci le tapota sur la poitrine avec ses doigts 
        et dit par trois fois: «O Wabissa, la peur d’Allah est là.» 
        Ensuite il dit: «Demande la réponse à ton coeur, peu 
        importe celle des autres. »[16]  
      · 
        De la part d’Oumar: Le Prophète   
        dit: «Toute chose a une gomme, et la gomme du cœur est dhikr 
        Allah. Rien ne sauve une personne de la punition plus que le dhikr 
        Allah.» Ils dirent: «Même pas le jihad pour 
        l’amour d’Allah?» Il dit: «Non, même si 
        vous combattez jusqu’à ce que vos sabres se brisent.»[17] 
         
      · 
        Ibn `Oumar rapporte: J’étais assis avec le Prophète 
          lorsque Hamala ibn Zayd 
        al-Ansari de la tribu des Banou Haritha vint à lui. Il s’assit 
        en face du Messager d’Allah   
        et dit: «O Messager d’Allah, la croyance est là» 
        – et il montra sa langue du doigt – «et l’hypocrisie 
        est là» -- et il montra son coeur du doigt – «et 
        je ne fais pas assez de dhikr Allah à l’exception 
        d’un petit nombre.» Le Messager d’Allah demeura silencieux. 
        Hamala répèta ses mots au cours desquels le Prophète 
          saisit sa langue par son 
        extrémité et dit: «O Allah, donne lui une langue véridique 
        et un cœur reconnaissant, et fait qu’il m’aime et aime 
        tous ceux qui m’aiment, et dirige ses affaires vers le succès.» 
        Hamala dit: «O Messager d’Allah, j’ai deux frères 
        qui sont hypocrites; j’étais juste avec eux. Ne dois-je pas 
        les conduire à toi (afin que tu pries pour eux)?» Le Prophète 
          dit: «(oui), quiconque 
        vient à nous de la manière dont tu es venu, nous demanderons 
        le pardon pour eux comme nous avons demandé le pardon pour toi; 
        et quiconque maintient cette voie, Allah devient son protecteur.»[18] 
         
      · 
        De Ibn `Oumar aussi: le Prophète   
        dit: «Ne parlez pas beaucoup, faites le dhikr Allah; parler 
        beaucoup sans faire le dhikr Allah endurcit le cœur, et 
        personne n’est plus éloigné d’Allah que celui 
        qui a un cœur dur.»[19]  
      Nous 
        voyons que le Prophète   
        liait toute chose à la condition du cœur. Lorsque nous éliminons 
        nos mauvais caractères et que nous endossons les bonnes manières, 
        nous aurons un cœur parfait et sain; Ceci est la raison pour laquelle 
        Allah mentionne dans le Coran: «Le jour où ni les 
        biens, ni les enfants ne seront d’aucune utilité, sauf celui 
        qui vient à Allah avec un cœur saint.» (26:88-89). 
        Et Allah mentionne les cœurs de Ses vrais savants (`oulama) 
        lorqu’Il dit: «Il consiste plutôt en des versets 
        évidents, (préservés) dans les poitrines de ceux 
        à qui le savoir a été donné. Et seul les injustes 
        renient nos versets.» 
      Quelles 
        sont les maladies du cœur? L’Imam Souyouti dit dans son livre 
        sur la tariqa Chadhili: «La science des cœurs, la connaissance 
        de ses maladies comme la jalousie, l’arrogance et la vanité, 
        est une obligation pour tout Musulman de s’en débarrasser.»[20] 
        Les exégètes disent que la jalousie (hassad), l’ostentation 
        (al-riya’), l’hypocrisie (al-nifaq) et la 
        haine (al-hiqd) sont les caractères les plus communs auquels 
        Allah fait référence lorsqu’Il dit: «Dis: 
        Mon Seigneur m’a interdit les turpitudes tant apparentes que secrètes» 
        (7:33). La mention par Allah de «tant apparent que secret» 
        est l’évidence de la nécessité pour toute personne 
        de ne pas seulement corriger et parfaire les actions extérieures, 
        mais de purifier celles qui sont cachées en son cœur et qui 
        sont seulement connues de son Seigneur. 
      Le 
        tassawwouf est la science et la connaissance par laquelle on 
        apprend à purifier le moi des mauvais désirs de l’égo, 
        comme la jalousie, la tricherie, l’ostentation, l’amour des 
        éloges, la vanité, l’arrogance, la colère, 
        l’avidité, la radinerie, le respect du riche au dépend 
        du pauvre, tout comme on doit purifier son aspect externe. La science 
        de tassawwouf enseigne la purification selon le Saint Coran et 
        la Sunna du Prophète   
        et enseigne à se vêtir des attributs parfaits (al-sifat 
        oul-kamila) dont la repentance (tawba), la peur de Dieu 
        (taqwa), se maintenir dans le droit chemin (istiqama), 
        la franchise (sidq), la sincérité (ikhlas), 
        l’abstentation (zouhd), la grande piété (wara’), 
        se remettre à Allah (tawakkul), accepter le Destin (rida), 
        s’abandonner à Allah (taslim), les bonnes manières 
        (adab), l’amour (mahabba), le souvenir (dhikr), 
        la méditation (mouraqaba), et plusieurs autres qualités 
        trop nombreuses pour être énumérées ici. 
      Tout 
        comme la science du hadith a des douzaines de classifications, 
        de même la science de tassawwouf a plusieurs classifications 
        à savoir, les bonnes caractéristiques (akhlaq hassana) 
        que le croyant doit obligatoirement développer, et les mauvaises 
        (akhlaq dhamina) qu’il doit obligatoirement éliminer, 
        en vue d’atteindre l’état d’ihsan. Les 
        bénéfices et les buts de la science de tassawwouf 
        rendent manifestes en nous le coeur de l’Islam, sa précieuse 
        essence et sa force. En effet, l’Islam n’est pas seulement 
        une pratique externe, mais il a aussi une vie interne. Ceci est la raison 
        pour laquelle Allah dit: «Evitez le péché 
        apparent ou caché» (6:120) et «Il 
        y a parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères 
        dans leur engagement envers Allah» (33:23). Ceci signifie 
        que tous les croyants ne sont pas inclus dans ce groupe sélectionné 
        de «ceux qui ont tenu leur engagement envers Allah.» 
        En d’autres termes l’on peut être croyant, mais ne pas 
        être parmi ceux qui ont tenu leur engagement à moins que 
        l’on est atteint l’état de la purification de soi, 
        l’état d’ihsan, la perfection du caractère, 
        que le Saint Prophète   
        mentionna dans le Saint Hadith. Et ceci, comme nous l’avons maintenant 
        rendu clair, est ce qui fut connu plus tard comme étant la science 
        du tassawwouf. 
         
 suite: Preuves dans le Coran  
Sommaire               
 
      [1] 
        Transmit sur l’autorité de ‘Oumar, ‘Ali, Ibn 
        ‘Abbas, et autres. Récits rassemblés par Abou Talib 
        al-Makki dans le chapître intitulé “La différence 
        entre les savants du monde et ceux de l’au-delà” dans 
        son Qout al-qouloub fi mou’amalat al-mahboub (Le Caire: 
        Matba’at al maymouniyya, 1310/1893) 1:140-141. 
      [2] 
        Transmit par Ahmad avec une chaîne valable dans Kitab fada’il 
        al-Sahaba, ed. Wasi Allah ibn Mouhammad ‘Abbas (Mecca: Mou’assasat 
        al-risala, 1983) 1:141 (#118). 
      [3] 
        Al-Qoushayri, Risalat kitab al-sama’ dans al-Rasa’il 
        al-qoushayriyya (Sidon et Béirut: al-maktaba al-‘asriyya, 
        1970) p. 60. 
      [4] 
        Ahmad, Kitab al-wara’ ( Béirut: Dar al-kitab 
        al-‘arabi, 1409/1988 ) p10. 
      [5] 
        Ddhhabi ainsi cité dans Sakhawi, al-jaahir wa al-dourar fi 
        tarjamat cheick al-islam (al-‘asqali), ed. Hamid ‘Abd 
        al-Majid et Taha al-zayni (Le Caire: wizarat al-awqaf, al-majlis al-a’la 
        li al-shou’oun al-islamiyya, lajnah ihya’al-tourath al-islmi, 
        1986) p.21-22. 
      [6] 
        Voir Ibn Sa’d, Tabaqat (ed. Sachau) 7(2):83; al-‘Arousi, 
        Nata’ij al-afkar al-qoudsiyya (Boulaq, 1920/1873; et ‘Abd 
        al-Wahhab al-Sha’rawi, al-Tabaqat al-koubra 1:57. 
      [7] 
        Rapporté dans Boukhari et Muslim à travers plusieurs chaînes. 
        Nawawi l’inclu dans sa collection de quarante hadiths (#2). 
      [8]Ahmad, 
        al-Zouhd (Béirut: dar al-koutoub al-‘ilmiyya, 1414/1993) 
        p.414,416. 
      [9] 
        ‘Ilm an-Nahuo, Ilm al-‘Ajaaz, ‘Ilm ul-Kalam, ‘Ilm 
        at-Tawhid, ‘Ilm al-Aqida, ‘Ilm al-Qour’an, ‘Ilm 
        al-Fiqh, ‘Ilm al-Hadith, ‘Ilm as-Sirah, ‘Ilm as-Sarf, 
        ‘Ilm al-Bayan, ‘Ilm at-Tafsir, ‘Ilm al-Tajwid, ‘Ilm 
        al-Tartil, ‘Ilm at-Tassawwouf ou ‘Ilm oul-Ihsan, 
        ‘Ilm oul-Mirath, etc… 
      [10]Al-Houwjiri, 
        Kashf al-mahjoub, trad. R.A. Nicholson (Kazrachi: dar al-ishaat, 
        1990) p.35. 
      [11] 
        Dans Ibn ‘Assakir de la part d’Ibn Mas’oud. Al-Qouchayri 
        et al-Houwjiri le citent dans leurs chapitres sur le tassawwouf, 
        respectivement dans Kashf al-mahjoub (La traducttion de Nicholson 
        p.35) et al-Risala: traduction de B.R. Von Schlegell, les principes du 
        soufisme (Berkeley, Mizan Press, 1990) p.301. 
      [12] 
        Tabarani le cita et Haythami authentifia la chaîne à travers 
        ‘Irba ibn Sariya dans Majma’al-zawa’id, chapître 
        sur les mérites de la Syrie. 
      [13] 
        Ibn al-Athir, al-Nihaya, s.v.s-f-w. 
      [14] 
        Bukhari le rapporte (english 1:79). 
      [15] 
        Ibn Hajar, Fath al-bari (1989 ed.) 1:258 et 11:541. 
      [16] 
        Rapporté dans Ahmad, Tabarani, Abou Ya’la et Abou Nou’aym. 
      [17] 
        Bayhaqi le rapporte dans “Shou’ab al-iman 1:396 #522; 
        al-Moundhiri dans al-Targhib 2:396; et Ibn Abi al-Dunya. 
      [18] 
        Al- hafiz Abou Nou’ayn le rapporta dans Hilyat al-awliya. 
        Ibn Hajar dit dans al-Isaba (2:2 #1659): “Sa chaîne 
        de transmission est acceptable et Ibn Mindah le soumit aussi. Nous avons 
        rapporté la même à travers Abou al-Darda’ dans 
        le Fawa’id de Hisham ibn ‘Ammar.” Al-Tabarani 
        aussi le rapporte à travers Abou al-Darda’. Haythami dit 
        de cette chaîne: “Elle contient un narrateur inconnu, mais 
        le reste est fiable.” 
      [19] 
        Tirmidhi le rélate et dit: un hadith rare (gharib); Bayhaqi 
        aussi dans le shou’ab 4:245 #4951. 
      [20] 
        Suyuti, Ta’yid al-haqiqa al-‘aliyya wa-tashyid al-tariqa 
        al-shadhiliyya, ed. Abd Allah ibn Muhammad ibn al-Siddiq al-Ghumani 
        al-Hassani (Cairo: al-matba’ al-izlamiyya, 1934), p, 56. 
       
      © 
        Encyclopédie de la doctrine islamique, Shaykh Muhammad Hisham Kabbani 
       
       Suite: 
        partie II 
      
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