Le Prophète a dit : « Chaque nouveau-né vient au monde selon une fitra pure et
saine. »[1]
Et il a également dit que si le « canal » du serviteur est resté de tout temps
connecté à son origine, à sa source céleste, dans ce cas Allah lui accorde
l’ouverture de la 7ème source ou fitrat al-Islam.
Ce canal est comme un « conduit » qui prend l’eau à sa source originelle,
jusqu’au « robinet » : liant le mouride au `alam al-arwah[2].
Ce conduit existe en permanence.
Notre réalité unique émane de notre essence – dhat, l’atome qu’Allah a
créé au Jour des Promesses, le jour de alastu bi rabbikum qalu bala,
quand Il demanda à chacun d’entre nous « Ne Suis-Je pas votre Seigneur, et vous
Mes serviteurs ? » et nous répondîmes « Assurément ! » Et depuis ce jour,
ibadullah, les serviteurs d’Allah ont été maintenus dans un état
d’adoration, jusqu’à ce que leurs esprits entrèrent l’utérus de leurs mères.
Depuis ce jour également, chaque âme demeure dans un continuel état d’adoration,
sans ne jamais cesser.
Durant cet évènement divin, Allah assigna des charges à chacune des âmes, et aux
Anges qui les assisteraient dans leur culte. Dans cet état de sujétion
dévotionnelle, l’âme est investie par une pure adoration de son Seigneur, sans
l’once d’un shirk. Il se peut alors qu’Allah choisisse d’élever
quelqu’un, et lui confère Son Feyd. A chaque instant, Allah pare Ses
serviteurs de anwar an-nabi[3],
qui d’abord vient au Prophète, puis du Prophète aux Anbiya et
Awliya, et des Awliya à tous les êtres.
De la même manière que Sayyidina Adam a été paré par Allah dans le Paradis, à
chaque instant, Allah pare, celui de Ses Serviteurs qui est en Sa Divine
Présence, avec 70 000 tajallis différents. Le Paradis est, dans ce cas,
une réalité vivante, où ni la souffrance, ni la nuisance n’ont cours. Dans cette
réalité, Allah attribue une couronne à toutes et tous, emplie de félicité divine
et de Sifat al-Jamal[4].
Les êtres sont infiniment purs dans cette contemplation, et à l’intérieur de
celle-ci, ils ne souhaitent rien de moins que le plus grand amour et la plus
grande beauté, présents dans cet Attribut
Sifat al-Jamal lillahi ta’ala.
Celui qui est né dans Dounia, l’était d’abord au Paradis et au moment
venu, il est apparu en ce monde dans l’utérus de sa mère. Et, pour cette raison,
chaque enfant pleure à la naissance, de douleur et à cause du choc de la
séparation d’avecla Présence Divine.
Lorsqu’il naît dans ce monde, l’enfant fait une du’a, suppliant Allah
de l’autoriser à retourner dans une sainte réalité. Il se peut qu’il décède
juste après la naissance, parce qu’Allah aura accepté sa du’a, et
l’aura reprit ! Personne ne naît riant ou souriant, tout le monde pleure !
Il n’y a que le Prophète qui n’a pas pleuré à sa naissance : il a immédiatement
parlé en disant « Oummati ! Oummati ! » soit « Mon peuple ! Mon peuple ! » et
fit sajda, demandant à Allah de protéger sa Oumma.
Sayyidina Issa n’a pas pleuré non plus lorsqu’il vint à Dounia, mais il
parla et dit « Inni Abd Allah ! » soit « Je suis le serviteur de Dieu ! » Eux,
ils savent. Eux, ils ont la vision. Allah envoie ces êtres en tant que Ses
messagers !
Les bébés pleurent à leur naissance car ils craignent d’être tentés par le
péché, et ne savent donc pas quoi faire. Le Prophète a dit que lorsqu’un enfant
naît, ce sont ses parents qui le rendent Juif, Chrétien ou Zoroastrien, alors
qu’il est en réalité déjà Musulman : l’ilm céleste préexistant et la
réalité adorative en rapport ne sauraient être assombris. Lorsqu’un enfant vient
dans Dounia, et commence à dévier de ce qui lui a été auparavant
enseigné au Paradis, il se voile lui-même peu à peu des capacités célestes. Et,
si ses parents n’observent pas la pureté rituelle et la prière[5]
et qu’ils l’exposent à de mauvaises personnalités, il finira par être voilé de
la Réalité Divine.
Au moment de sa naissance, l’être peut encore voir, car il possède encore à cet
instant une connexion limpide avec le Paradis, mais lorsqu’il est voilé, cette
vision cesse complètement. Cependant, dans Sa Miséricorde, Allah protège toutes
les bénédictions, toutes les grâces et les lumières qui sont reliées à
l’adoration de l’enfant [du temps du Paradis]. Et, lorsqu’il atteint l’âge de
responsabilité, l’âge adulte[6],
Allah restaure en lui tout le bienfait de toutes les dévotions qu’il a réalisées
dans sa vie spirituelle en Présence Divine. Cette personne peut, certes, pécher
puis se repentir, et ce à plusieurs reprises, mais il lui sera toujours
comptabilisé cette adoration passée.
C’est pour cette raison que, lorsqu’il est accordé à une personne de retourner à
son cœur propre, elle est heureuse. Parfois, vous l’êtes tellement, et pourtant
vous en ignorez la raison. Il n’y a pas de raison, ni d’explication :
simplement, la joie est là. Vous vous sentez léger, sans éprouver aucune peine.
Allah Sait que vous êtes un serviteur sincère, et Il vous accorde davantage de
cette assistance céleste : celle-ci remplie votre cœur, et vous garde dans un
état de contentement. Allah dit à ce propos :
« N’est-ce point dans
l’évocation d’Allah que se tranquillisent les cœurs ? »
[Sourate 13 ; 28]
Le corps humain est une forme matérielle sujette aux lois de la physique. Il est
compact, et la gravité le repousse vers le bas, le maintenant à terre. Par
exemple, un métal cylindrique rempli d’hélium a un certain poids, mais changez
la densité de ce gaz, et vous remplirez un ballon qui s’élèvera dans
l’atmosphère. Quand Allah rétablit en vous l’ensemble de vos
dhikrs, ceux-ci vous inondent comme
l’hélium remplit un ballon, et vous vous sentez léger. Et, quand l’ensemble de
vos prières et de vos dhikrs
pénètrent la prison qu’est votre matérialité, Allah libère cette sainte énergie
qui vous apporte l’équilibre entre les deux mondes, et vous rend béat.
Par le commandement d’Allah au Prophète, passant du Prophète aux Awliyaullah
qui rendent compte de leur responsabilité auprès du Mourchid at-Tarbiyya,
cette énergie est délivrée. Elle vous emmène au-delà, et déstructure tout votre
système, vous libérant totalement de toutes dépressions pour une pleine
sérénité. Vous êtes alors reconnecté à votre Réalité, que vous étiez incapable
jusque là de voir à cause de votre moi et de la sombre Dounia : ainsi
vous commencerez de voir, ce que d’autres sont incapables.
Les disciples de la Tariqat Mevlevi, issue de Sayyidina Jalaluddin Rumi,
pratiquent une sorte de tourbillon qui les font entrer dans un état de
ravissement pur, c’est ce qui arrive lorsqu’Allah envoie une puissance céleste
au Prophète, qui la transmet aux Awliyaullah. Sayyidina Jalaluddin Rumi
a expérimenté ces états : lorsque vous décollez, vous n’avancez pas droit
devant, vous tournoyez !
Il faisait comme l’hélicoptère qui décolle, et dont l’hélice se met à tourner,
créant une énergie qui le tire hors du sol : il ne dansait pas en toute vérité,
mais il tournait dans cette énergie qui l’emmenait ailleurs.
La réalité de ce tournoiement s’apparente à celle des électrons autour du
nucléus de l’atome. Quand Allah libéra cette force, Jalaluddin Rumi tournait
tout autour de ce dhat, ce réel. Elle le connectait à sa véritable
réalité qui était en Présence Divine dans le Jour des Promesses, et il fut
surpris par ce qu’Allah lui accorda.
Quand les Musulmans accomplissent le Hajj, ils performent également le tawaf
de la même manière que les électrons circumambulent autour du nucléus, dans le
sens des aiguilles d’une montre. Cette action les fait tourner, dans le but de
les élever vers les cieux. Il y a plusieurs niveaux de tawaf, de rang
spirituel, au-dessus de chaque être. Dans une perspective spirituelle, les
Awliyaullah font immédiatement le tawaf au-dessus les gens, les Anges
le font au-dessus des Awliyaullah, et ainsi de suite jusqu’au Bayt al Ma’mur, le
Trône Divin.
Toute chose tourne autour de sa propre réalité : celle de l’atome est dans le
nucléus ; l’énergie de l’électron court après sa propre essence. Et, nous
également devons tournoyer autour de notre essence : si nous pouvons exposer
celle-ci, et faire que notre énergie se mette à tourner autour d’elle, nous
pourrons alors élever nos corps, comme du gaz condensé libéré dans un ballon.
Là, nous serons capables de voler !
C’est là le 7ème pouvoir de la connaissance : la « source de l’innocence » de
l’Islam qu’Allah a donné à chacun. A cela, Il gratifie les
croyants de tous les bienfaits des infidèles, obtenus dans leur lumière
spirituelle entre le Jour des Promesses et le jour de leur naissance dans
Dounia. Pour cette raison, les croyants acquièrent une rapide élévation.
Par exemple, 100 pièces d’or sont divisées entre des personnes qui en ont le
besoin : s’il y en a 100, cela fera une pièce chacune ; s’il y en a 10, cela
fera 10 pièces chacune, etc.
Celui qui croit en Allah et suit Son Sentier, ainsi que Son Prophète, le Message
Divin, et la Voie(Tariqat) de son sheikh – surtout s’il s’agit
du Mourchid at-Tarbiyya – héritera des Grâces incommensurables qu’Allah
a fait don à chacun au Jour des Promesses, et il héritera aussi des bienfaits
des dévotions de tout non-croyant réalisées dans ce moment là.
A notre époque, où la corruption s’étend sur toute la planète, les croyants
obtiennent encore plus de bienfaits. Le Prophète a dit « Quand tous délaisseront
ma Sounna, et que lorsque la corruption s’étendra au sein de mon
peuple, Allah offrira, à celui qui la fera revivre, l’honneur accordé à 70 [ou
100] martyrs. »[7]
Ceci implique les prières sounnatiques, le port de l’anneau, de la
barbe, et l’utilisation du miswak[8],
ainsi que tout ce qui est issu de la Sounna du Prophète. Et, pour ceux
qui n’ont pas tenu leur promesse envers Allah, de ne croire qu’en Lui et de
n’adorer que Lui, Dieu a choisi d’accorder les bienfaits de leurs adorations
passées à ceux qui ont pris soin de la leur. C’est pour cette raison que l’ajr[9]
a pris de l’ampleur en ces Jours Derniers.
Voici donc un résumé des 7 sources, que l’on peut découvrir en tournant autour
de notre essence. Quand le Feyd vient à vous, ce sera alors le moment
d’expérimenter, à chaque instant, un état continuel de ravissement qui ne
cessera qu’au moment de votre mort. Vous atteignez, dans ce cas, le degré dont
Allah a parlé lorsqu’Il a dit « mutoo qabla an tamutu » soit « Meurs [vaincs ton
ego] avant la mort. »
Le Prophète a dit :
« Si vous voulez voir un
mort qui marche, regardez Abou Bakr ! »[10]
Ceci signifie que Sayyidina Abou Bakr était capable de contrôler son ego et ses
4 ennemis. Et, lorsqu’une personne suit ses traces, elles le mènent à la Voie de
Sayyidina Mohammed, qui mène à la contemplation, là où elle se mettra à
tournoyer autour de sa propre essence, avec une vélocité si grande qu’elle
l’emportera vers les cieux. Et, quand cette personne monte si haut, rien ne peut
l’empêcher de s’élever plus haut encore, telle une tornade : elle continue de
tourbillonner jusqu’à disparaître, car alors c’est qu’elle a quitté la terre.
Dans cette haute station, l’être se crée un environnement idyllique, sans
contrariété, sans obscurité, sans désirs malsains, sans péchés, et sans
Dounia. Dans ce lieu, il avance vers la Présence Céleste qu’Allah veut lui
faire rencontrer : c’est pour cela que les Awliyaullah ne sont pas en
quête de Dounia, car elle n’a aucune valeur pour eux. Ils sont bien
plutôt préoccupés par le plaisir céleste, dans une position extatique toute en
continuité, laquelle croît à chaque instant, rendant la Dounia à néant
dans leur cœur.
Bien des gens condamnent les derviches qui s’assoient tranquillement dans un
coin et récitent le dhikrullah, et c’est parce qu’ils ne connaissent
pas la nature du contentement que ces derniers expérimentent. Car, si le plus
fin rayon de lumière devait apparaître à tous, issu de cette Divine Lumière qui
descend sur ces derviches, elle ferait se noyer toutes les créatures dans la
félicité. Dans ce cas, pour quelle raison ces derviches voudraient-ils donc
quitter cet émerveillement pour Dounia! Le but premier de chaque
mu’min et Musulman est de réaliser de bonnes actions, pour que lorsqu’il
sera face à son Seigneur au Jugement Dernier, Allah soit satisfait de lui. Ces
derviches ont d’ores et déjà atteint ce niveau. Qu’Allah nous pardonne et nous
aide à comprendre la Voie des Awliyaullah.
Ne soyez pas esclave de votre moi intérieur, de votre ego, ainsi que de vos 4
ennemis – nafs, dounia, hawa, Shaytan – mais
soyez libre ! Ou bien, vous serez perdant au Jugement Dernier.
Vous ne voulez pas être orphelin : toute leur vie, les orphelins vivent « nar
al-hasra », ce feu qui les brûle intérieurement, en cause la perte d’une chose
si précieuse. Ne perdez pas votre « père premier », votre Mourchid ! Ne
soyez pas orphelin, sans un Mourchid ! Trouvez-le : votre guide !
Trouvez Mourchid at-Tarbiyya,
qui pourra vous élever dans les cieux. Ne commettez pas l’erreur de penser
n’avoir besoin de personne, que vous pouvez avancer droit devant sans aucun
guide. Prenez soin de votre père spirituel, c’est lui qui vous emmène devant
Allah. Mourchid at-Tarbiyya
vous rendra heureux dans cette vie, et dans la Vie Future, vous poussant sans
cesse vers votre station céleste, grâce à sa guidance. Et, si vous suivez
celle-ci, vous attirerez à vous Feyd al-ilahi, les émanations
des Grâces et Bénédictions d’Allah.
:: Cheikh Hisham Kabbani ::