De la quantité de dhikr prescrite



Dieu ordonne qu’on pratique Son rappel en abondance. Décrivant les hommes et les femmes sages qui méditent sur Ses signes, Dieu parle de :

ceux dotés de moelles
rappeler Dieu assis, debout, sur le côté. (3:191)

et

ceux et celles qui ... pratiquent assidûment le Rappel, Dieu leur ménage Son indulgence, un salaire grandiose. (33:35)

L’auteur de fiqh as-sunna cite mujahid qui explique :

Quelqu’un ne peut pas être l’un de ces hommes ou l’une de ces femmes qui se souvient de Dieu en abondance (ceux qui sont mentionnés dans le verset précédent) s’il ne se souvient pas de Dieu à tout instant, debout, assis ou couché sur son lit.

Il cite aussi ibn as-salah qui, lorsqu’on lui demandait la quantité du dhikr pratiqué par ceux qui " se souviennent de Dieu en abondance ", répondait que

" en abondance " signifie " comme celui qui est installé dans la supplication, le matin et le soir et les autres moments du jour et de la nuit, ainsi que le dit le Prophète (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) ".

A propos du verset coranique cité plus haut, `ali ibn abu talha raconte que ibn `abbas disait :

Toutes les obligations imposées à l’homme par Dieu sont claires et on n’en est exempté que pour une raison valable. La seule exception concerne l’obligation du dhikr. Dieu n’a fixé aucune limite au dhikr et aucune circonstance n’autorise à le négliger. Il nous est recommandé de nous souvenir de Dieu debout, assis ou couchés sur le côté, le matin, durant la journée, en mer ou à terre, en voyage ou à la maison, dans la pauvreté ou la prospérité, qu’on soit malade ou en bonne santé, que ce soit en public ou secrètement, bref à tout instant de la vie et en toutes circonstances.

On peut déduire de la citation précédente qu’on ne peut jamais parler d’ " excès de dhikr ". On raconte que le Prophète (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) a dit :

Celui qui aime une chose la mentionne souvent.

(hadith rapporté par abu nu`aym dans le hilya et daylami dans musnad al-firdaws. sakhawi le cite dans al-maqasid al-hasana, p. 393 #1050 sans le commenter). Nous aimons Dieu et Son Prophète (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et par conséquent nous mentionnons Dieu et Son Prophète. Personne ne peut fixer de limite à un tel rappel sinon ceux qui manquent d’amour à leur égard, et ceux-là sont à n’en pas douter les ennemis de l’islam.

L’imam Ghazali a écrit dans le quarantième livre de son ihya, intitulé " Le rappel de la mort et de l’au-delà " :

Ce sont l’âme et l’esprit de l’homme qui constituent sa vraie nature ... Au moment de la mort, son état change de deux manières. En premier lieu, il est maintenant privé de ses yeux, de ses oreilles et de sa langue, de ses mains, de ses pieds et de tous ses membres, de même qu’il est privé de sa famille, de ses enfants, de ses parents et de tous les gens qu’il connaissait, de ses chevaux et de ses autres bêtes à chevaucher, de ses serviteurs, de ses demeures et de ses biens, et de tout ce qu’il possédait. Il n’y a pas de différence entre le fait qu’il soit privé de ces choses et le fait que ces choses lui soient enlevées, car c’est la séparation elle-même qui est cause de la souffrance.

S’il avait en ce monde une chose qui lui procurait consolation et paix, alors il la regrette, après qu’il soit mort, et ressent la pire des tristesses de l’avoir perdue. Son coeur se met à penser à tout ce qu’il possédait, à son pouvoir et à ses propriétés, et même à la chemise qu’il portait souvent parce qu’il y prenait du plaisir.

Pourtant, s’il avait pris du plaisir au rappel de Dieu, et s’il n’avait cherché de consolation qu’en Lui, alors il serait maintenant dans la félicité et la bonheur parfait. Car les barrières entre lui et son Bien-aimé vont maintenant être levées, et il va être libéré des obstacles et des soucis du monde, qui tous l’avaient distrait du rappel de Dieu. Voilà le premier aspect de la différence entre les états de vie et de mort.

Sur le même sujet, l’imam habib al-haddad a dit (Key to the garden, p. 104) :

Le temps et les jours sont le capital de l’homme, alors que ses inclinations, ses désirs et ses ambitions diverses sont des bandits de grand chemin. On tire profit de ce voyage parce qu’on réussit à parvenir à Dieu et à atteindre la bonheur perpétuel. On échoue à cause des voiles qui cachent Dieu et parce qu’on est maintenu dans le tourment douloureux du feu.

C’est pour cette raison que le croyant qui a tant soit peu d’intelligence transforme chacune de ses respirations en acte d’obéissance, et qu’il ne s’interrompt que pour le dhikr de Dieu.